Donc c'est la fin du monde. Le corps céleste Melancholia (aka "ça s'en va et ça revient") entre en collision avec la Terre et annihile toute vie.

Dans cette attente Justine (Kirsten Dunst) grande dépressive devant l'Eternel détruit avec perfection un bonheur qui lui tend les bras (cf. la première partie du film) avant d'éclore, de se révéler dans toute sa splendeur nihiliste en personnifiant l'acceptation sereine de la fatalité (cf. seconde partie).

A côté Claire (Charlotte Gainsbourg) se décompose progressivement jusqu'à se muer en un être ridiculement faible, presque incapable d'embrasser son destin avec dignité. Inversion des pôles donc.

Passons sur la vision très personnelle que semble avoir LVT de l'existence humaine et d'un éventuel dogme du bonheur (le personnage interprété par Kiefer Sutherland est à mon avis le véhicule principal de cet aspect des choses), ainsi que sur l'usage abusif de la musique tout au long du film.

Ce qui m'a posé problème avec Melancholia c'est qu'il s'agirait d'une expérience cinématographique (la photographie du film est magnifique d'ailleurs), une de celles visant plus à donner à voir la vision du cinéaste plutôt qu'à raconter réellement une histoire. Et là, j'ai bloqué. J'ai dit stop. Je n'y peux rien; ça me laisse indifférent. Ainsi, à mesure que le film avance mon intérêt décroit au point de ressentir un intense soulagement une fois tous les personnages pulvérisés et le générique de fin lancé.

Je me remémore "Breaking the waves" et "Dancer in the dark", les deux films de LVT qui m'ont le plus marqué. Parce que leurs histoires dégagent une intensité que Melancholia n'effleure même pas. Tout est contaminé par une sorte de cynisme insidieux que je trouve déplaisant. J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer que la perception d'un film est un combat entre ce que le réalisateur souhaite exprimer et la manière dont cela est reçu par le spectateur au-travers de sa propre vision de l'histoire (cf. critique du film "Memento" in fine). Manifestement, je ne suis pas enclin à me laisser terrasser par cette œuvre de Lars von Trier.
Gondorsky
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le 17 août 2011

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