Melancholia ou l'anti Tree of life. Pour ceux qui n'auraient pas accroché au dernier film de Terrence Malick, recompensé d'une palme d'or à Cannes cette année, il reste le nouvel opus de Lars Von Trier, Melancholia, sorte d'antithèse pessimiste et apocalyptique du film un brin illuminé de Malick. Car il est question ici de fin du monde. Mais avant tout, il est surtout question de l'impuissance humaine, puisque la force des sentiments, la volonté de contrôler et de dominer les choses se trouvent sans cesse annihilées par une force extérieure, transcendantale. L'homme ne peut rien face à quelque chose qui le dépasse et ne peut qu'être rongé par une sorte d'angoisse, de mélancolie. Toute croyance est dès lors inutile (quand c'est elle qui assurait le salut des hommes dans « the tree of life ») et la mélancolie traitée par Lars Von Trier de façon dépressive devient finalement un moyen « positif » pour se mettre au diapason du monde et des événements.

Constitué de deux parties, l'une articulée autour du mariage de Justine, interprétée par Kristen Dunst (parfaite) et la seconde autour de l'événement à venir (l'apocalypse), vu du côté de la sœur, Claire, incarnée par Charlotte Gainsbourg (juste), le film démarre sur un envoûtant prologue, sorte d'exercice de style où les airs wagnériens se mêlent magnifiquement à des plans quasiment figés entre romantisme et gothique. Les deux parties, assez différentes dans leur contenu et leur structure, sont toutes deux passionnantes. L'évolution des deux personnages est finement retranscrite, en particulier la dépression qui affecte progressivement l'une des sœurs. Le film présente également l'intérêt de montrer la manière dont chacun peut réagir (très différemment) aux événements, les femmes faisant plutôt appel à leur ressenti, tandis que les hommes, plus terre-à-terre, manifestent une forme de faiblesse. L'idée de ne s'intéresser à la fin du monde uniquement par le prisme de quelques personnages pris de façon isolée, sans jamais faire appel à des images de foules paniquées est forte et relativement nouvelle.

Au final, Melancholia est un film ambitieux, passionnant, qui fait appel d'une certaine façon au ressenti du spectateur. J'ai vécu pour ma part une véritable expérience, forte et inédite, et ne peux qu'encourager le plus grand nombre à en faire de même.
arnanue
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le 3 sept. 2011

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