L'histoire d'un Prologue.

Qu'on aurait aussi pu appeler Prélude, merci Wagner. Cette musique, par moments tonitruante, par moments juste captivante . Ces bleues couleurs. Cette photographie léchée. Ce slow-motion poétisé. Ce temps semi-arrêté. Des espaces infinis lorsque rouge et bleue planète se font face, se contournent, s'apprivoisent. De la verte nature. C'est la danse majestueuse de Melancholia affrontant la Terre. On dirait une peinture. On dirait un rêve. On dirait un cauchemar. On dirait la vie. On dirait la mort. Le tout est esthétique, le tout est symbolique, le tout est harmonie.

7 minutes 46 de pure poésie qui auraient pu se prolonger les deux heures durant mais alors ça aurait, surement, été long et ennuyant (comme le Tree of Life concurrent - mais la comparaison serait trop aisée, passons.) Le début est, à mes yeux, quasiment parfait et prend tout son sens au fur et à mesure que la fin se rapproche. Une fin claustrocalyptique.

Claire n'atteindra jamais le village au volant de sa pathétique voiturette de golf. Et c'est tant mieux. Pas de foule paniquée, pas de cri d'effroi. Juste une maison de campagne où vivent presque reclus, Claire (Charlotte gainsbourg), son mari et leur garçon et Justine (Kirsted Dunst), la soeur mélancolique. Une intrigue en huis-clos où la première respire le calme et la sérénité d'une organisatrice d'un mariage tragiquement gâché mais qui succombe à la détresse et la panique à l'heure de l'inévitable. Alors que l'autre, chroniquement malade, n'est que fatalisme à ne pas confondre avec passivité. Au contraire, décidée à quitter cette vie sur Terre qu'elle appelle Enfer, elle jubile, silencieusement. Mais elle n'est pas cruelle, non. Elle n'essaye pas non plus de comprendre car elle sait, elle sait les choses. Et même si elle se voue à une mort proche, elle vit ses derniers instants dans une tranquillité apaisante et rassurante. Sa mélancolie est une faiblesse mais aussi un pilier. Et partie une et partie deux se complètent et se contrastent, dans une symbiose fraternelle où solidarité, amour et irritation s'alternent. Le portrait d'une famille pas parfaite.

J'aurais presque pu lui décerner un 7 et demi mais je dois dire que le film ne m'a pas captivé dès la première vision. Ce qui devait surement être du suspens, je l'ai ressenti comme des longueurs et le dénouement s'est trop fait attendre. Le fil conducteur (par là, j'entend non pas le sujet mais le sens du film) est difficilement détectable et le scénario peu alors paraître peu consistant. Le comportement de Justine n'est pas des plus abordables (même si ceci fait partie de son charme, à mon sens) et on ne voit pas forcément où Von Trier veut en arriver avec ses deux chapitres. Et ceci n'est que subjectivité mais alors que Justine m'exaspère lors de sa mascarade de mariage, Claire m'inspire l'irritation avec ses jérémiades. Voilà pourquoi Melancholia n'atteindra pas une note plus élevée..

Bien sûr, je me demande la réaction que générerait en moi, l'annonce de la fin du monde... Mais une chose est sûre, de mon vivant, Claire m'a parue complètement égarée. Mais pas un égarement compréhensible qui aurait pu attiser ma compassion ou même ma compréhension, juste un égarement agaçant. La deuxième moitié du film se concentrant principalement sur son personnage, il n'a pas su gagner toute mon attention, ni mon admiration. Heureusement, la 'magic cave' de Justine, 'aunt steelbreaker', sauve la fin et nous offre une sublime image finale.



TiouNguyen
7
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le 13 déc. 2011

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TiouNguyen

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