Comment s’inscrit les nouvelles technologies dans nos rapports aux autres ? C’est la question que se pose Men, Women & Children, nouveau long métrage de Jason Reitman. Le réalisateur de Juno brasse tour à tour les thèmes liés à la sexualité, aux relations entre adolescents et entre enfants / parents. Attachant et drôle, ce film choral souffre néanmoins d’une baisse de régime.

Alors que Tim (Ansel Elgort) s’enferme dans les jeux vidéo, depuis que sa mère est partie, Brandy (Kaitlyn Dever) subit l’espionnage incessant de la sienne (Jennifer Garner). Hannah (Olivia Crocicchia), elle, rêve et de gloire et de Chris (Travis Tope), drogué au sexe sur internet. Quant aux parents de celui-ci (Adam Sandler et Rosemarie Dewitt), ils se décident à aller voir ailleurs…

Men, Women & Children débute dans l’espace. La caméra suit le satellite Voyager, lancé en 1977 afin d’établir le contact avec une autre forme de vie. Cet appareil contenant nombre d’informations sur la civilisation humaine est le fil rouge du film et le lien entre tous ses personnages. Car l’ironie de l’Homme tient dans ce bout de métal : On cherche à tout prix à communiquer au-delà de notre planète, alors que l’on parvient de moins en moins à le faire avec notre entourage. L’Homme ne s’est jamais retrouvé aussi replié sur lui-même, et ce malgré la surabondance des outils de communications, tel internet ou les réseaux sociaux.

Jason Reitman parvient parfaitement à retranscrire cela dans Men, Women & Children. Le cinéaste joue sur cet enfermement avec une idée de mise en scène astucieuse : Intégrer tweets et autres statuts Facebook directement sur l’écran. Pendant que Hannah raconte son été plutôt chaud, ses copines cheerleaders restent accrochées à leur smartphones. Le spectateur, lui, peut voir le contenu de leurs échanges digitaux, faits de smileys et de critiques amusantes envers leur amie. Car, même si le long métrage aborde des thèmes délicats, le réalisateur n’oublie pas d’y ajouter une dose d’humour bienvenue. Comme Juno, In the Air ou Thanks for Smoking avant lui, Men, Women & Children allie joliment sérieux et rires, reflétant bien la patte Jason Reitman.

Malgré d’indéniables qualités, Men, Women & Children souffre toutefois de quelques défauts. Suivant le quotidien de sept familles, le film se perd un peu dans les nombreuses histoires, oubliant au passage certaines qui auraient méritées un traitement plus conséquent. Avec quatorze personnages principaux à gérer, le long métrage ne sait plus sur quel pied danser, ne prenant pas le temps de se poser sur ces derniers. C’est le cas, par exemple, d’Allison (Elena Kampouris). Ancienne obèse, l’adolescente a fait un régime drastique, la menant peu à peu à l’anorexie. Afin de ne pas se laisser tenter par la nourriture, la jeune fille prend conseille auprès d’internautes, sur le site on aimelesfillesminces.com. Au demeurant intéressant, le récit n’est pas assez développé pour vraiment ressentir de l’empathie pour elle.

Avec un subtil mélange de rires et d’émotions, Men, Women & Children interroge le spectateur sur ses rapports à l’autre et aux réseaux sociaux. Apportant sa touche au sujet, Jason Reitman réalise un film intelligent. Dommage qu’il se perd un peu dans les trop nombreuses histoires. Mais rien de honteux à liker.
claudie_faucand
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le 12 déc. 2014

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claudie_faucand

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