Le film se passe durant la tournage d’une émission TV pour le passage de la nouvelle année et suit la soirée mouvementée de certains personnages, chanteurs, réalisateur, figurants… Evidemment on est chez Alex de la Iglesia donc ca va partir en live total avec beaucoup de bruit.


Mi Gran Noche est assez dur avec le spectateur. On rentre immédiatement dans un tourbillon de musique, de dialogues à peine audibles, de montage hyper cut, de mouvements de caméra à toute vitesse. Il ne faut pas être allergique au style et accepter de souffrir un peu avant de (rapidement) rentrer dans l’histoire. Ensuite on s’éclate. De l’humour, du suspens, une bonne dose de satyre et surtout une mise en scène de folie. C’est fluide, ca passe d’une situation à l’autre en un plan tout en laissant assez d’espace aux acteurs pour qu’on s’intéresse réellement au destin des personnages.


On pense beaucoup au recent Birdman avec cet accès privilégié aux coulisses et sa maîtrise technique, le propos un peu fumeux d’Iñarritu en moins et un bon cacheton d’ecsta en plus.


Faux film mineur de la Iglesia, à l’image du dernier Coen, Mi Gran Noche rassemble tous les thèmes chers à son réalisateur. Les femmes, le théâtre, la folie et… Star Wars. C’est hyper concentré (1h35 au compteur) mais parfaitement digeste. Le regard sur l’industrie du spectacle est acide (le personnage d’Alphonso) mais le film évite la charge trop brutale en faisant preuve de bienveillance voire de tendresse à l’égard de certains personnages complètement tarés. Tout est faux mais au final très humain à l’image de ces figurants qui font semblant de s’embrasser pour finalement tomber amoureux dans la frénésie du tournage. Et toujours cet amour absolu pour les freaks et ce romantisme tordu, marque de fabrique du réalisateur, ici exacerbé lors d’une scène où l’on se compare les cicatrices.


Mi Gran Noche n’est peut-être pas un chef d’oeuvre absolu ou bien le film le plus abouti d’Alex de la Iglesia. Une certaine surenchère dans le montage et un petit bémol sur le dénouement l’empêchent d’accéder à la perfection. Mais l’énergie est tellement communicative, le film tellement prenant qu’il doit être vu. Ca ne demandera pas un effort surhumain, le film n’ayant pas été distribué en salles, il est disponible sur Netflix. Car aujourd’hui, il n’y a plus de place pour l’un des meilleurs réalisateurs européens au cinéma. On préfère laisser des films de 2h30 qui ne racontent rien et n’ont plus aucune ambition visuelle squatter l’ensemble des salles obscures. Triste époque.

Pipock
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le 6 janv. 2017

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