C’est dans le Club de l’Etoile, un ancien théâtre transformé en un petit cinéma cossu, qu’a eu lieu la 8ème édition du Cinexpérience. Le principe est simple et efficace, venir au cinéma sans savoir quel film sera projeté. Le spectateur s’en remet aux organisateurs. Chacun retenant son souffle lors des premières secondes du film, essayant de trouver le nom ou au moins le genre de l’œuvre projetée. Chacun avec son appréhension, son croque mitaine du cinéma. On imagine sans peine les pourfendeurs de Lars von Trier, les allergiques au cinéma asiatique ou encore les écœurés des comédies françaises vérifier fébrilement les prochaines sorties cinématographiques la veille du Cinexpérience. Pour ma part, mon talon d’Achille est le film d’horreur. Je suis capable de sursauter de 2m de haut à la moindre apparition impromptue à l’écran. Ma tension est donc très vite descendu lors du générique du Cinexpérience. Le film projeté est Mia Madre de Nanni Moretti. En parfait gentleman, je sors un paquet de mouchoirs pour ma copine.


Le dernier film de Moretti est un des évènements cinématographique de cette fin d’année. 14 ans après son très touchant La Chambre du fils, le réalisateur italien se replonge dans la cellule familiale vivant un drame. Dans son film, palme d’or en 2001, la famille se compose de deux parents attentionnés, dont l’amour rayonne sur leurs deux enfants. La mort du fils va faire voler en éclat cette heureuse sérénité. Dans Mia Madre, le schéma familial est déstructuré. Margherita et son frère Giovanni, interprété par Moretti, se trouvent auprès de leur mère mourante. Giovanni, quinquagénaire, n’a visiblement pas d’enfant et Margherita, divorcée et mère d’une adolescente mène une vie sociale tumultueuse. La maladie d’Ada, la grand-mère, va permettre à cette famille de se ressouder.


Comme son nom l’indique, le réalisateur est très porté sur la mise en bière (ok je sors). La mise en scène dramatique est maîtrisée, mais tombe rapidement dans la facilité avec la déchéance d’Ada, le refus de Margherita et l’abnégation de Giovanni. En portant à l’écran un drame universel, à savoir la mort de la dernière génération vivante, Moretti livre une œuvre personnelle et touchante. Accompagné des indispensables, mais finalement très banales, morceaux de piano et de violon, le film parlera à la plupart d’entre nous.


Le spectateur appréciera le très bon jeu de John Turturro en acteur qui semble imbu de lui-même, mais qui au final est en quête d’une aide lui permettant de se sentir vivant, de faire à nouveau partie de ce monde dans lequel il ne trouve pas sa place.



I want to get out of here and go back to reality.



Un grand merci à l’équipe SensCritique qui nous a permis de partager un bon moment de cinéma. Le dynamisme de l’équipe et sa passion pour le 7ème art fait chaud au cœur. Bravo !

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le 22 nov. 2015

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Vincent Ruozzi

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