Markus Schleinzer, directeur de casting d'Haneke entre autre, démarre sa carrière de cinéaste avec un sujet plus que délicat : la relation d'un pédophile et sa jeune victime.
Le film s'inscrit d'emblée dans une vague stylistique typique du cinéma autrichien voire allemand. Moins glacial et chirurgical que ce que peut faire Haneke mais avec un traitement distancié, froid, des plans cadrés au millimètre et très serrés.
Du seul point de vue formel, c'est attendu mais pas inintéressant. En tout cas pas mal de choses fonctionnent. Très tenu en terme de gestion d'espace et de temps, maitrise du hors champs. Et ce parti pris, plus classique, est bien plus efficace qu'un traitement prononcé versant dans le glauque ou la violence gratuite. Le film jusqu'ici est très dérangeant mais ce n'est pas un reproche.
Là où ça bloque c'est au niveau de la finalité du film et des scènes et des trop nombreuses fautes de goûts de l'entreprise.
Le cinéaste semble vouloir nous montrer qu'un pédophile, un monstre, peut être à la ville un homme normal, sans reproches, avec des liens familiaux sans accroches, un boulot convenable, des amis. Ok, soit. Là où ça devient ambigu c'est dans la relation entre l'homme et l'enfant. Construit comme une banale relation père-fils en fait. Ils mangent ensemble, jouent ensemble, regardent la télé ensemble, se promènent ensemble. La seule différence c'est qu'à la fin de la journée, le gosse retrouve sa chambre cadenassée et que dans la nuit il a parfois des visites. Très douteux. Surtout du point de vue de l'enfant dont l'écriture et sa captation est assez litigieuse.
Passons. Mais lorsque viennent s'ajouter deux fautes de goûts inadmissibles ça ne passe plus du tout. La première est une séquence de diner en « tête-à-tête ». Suite à la scène d'un film d'horreur qu'il vient de voir à la télé, le mec de se lever, de déballer son matos dans l'assiette, de brandir un couteau et de demander à l'enfant : « tu préfères que je te plante ma bite ou ce couteau ? ».
La deuxième : le film s'achève suite à une longue séquence rythmée par un faux suspense et enchaine sur un générique rythmé par le Sunny de Boney M.
Soit Schleinzer est un irresponsable, soit c'est un petit malin dont le seul but est de choquer.
En prenant le prénom d'Haneke pour son film et son pédophile, ça doit lui faire plaisir, il aurait également pu prendre autre chose.
Teklow13
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le 13 juin 2012

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