A première vue, MICHAEL CLAYTON ne semble pas raconter grand-chose. Le recours collectif contre une entreprise biochimique, le scandale écologique et sanitaire. Tout ça est vaporeux, en arrière plan, derrière un voile. Ce que le réalisateur et scénariste Tony Gilroy met au premier plan, c’est le personnage dont son film porte le nom. Michael Clayton est ce que l’on appelle un "fixer", un arrangeur employé dans un grand cabinet d’avocat new-yorkais pour dénouer les situations jugées délicates. Tour à tour, il est présenté comme un faiseur de miracles (un qualificatif néanmoins questionné par le premier client apparaissant dans le film), un homme de ménage, un arrangeur, un préposé. Mais toutes ces désignation en font malgré tout un être flottant dont le rôle reste indéfini, au point où ses proches, comme le spectateur, ne parviennent plus à identifier le bord pour lequel il travaille. « Alors, qui es-tu ? » lui rétorque Arthur, un avocat et ami à qui Michael tente de sauver la peau au sein du cabinet après avoir subitement cessé de défendre l’entreprise biochimique pour rejoindre le camp des plaignants. Plus tard, c’est son frère, inspecteur de police, qui lui fait remarquer son ambiguïté, ne sachant plus s’il est un avocat ou un flic. La place de chacun des protagonistes sur l’échiquier du film étant parfaitement établie, l’intrigue se focalise logiquement sur celle de Michael, dont les problèmes personnels (liquidation d’un restaurant et dettes de jeu), ajoutés à sa position médiane au sein des forces en présence (le cabinet, l’entreprise d’engrais et Arthur), rend confus son positionnement. Même pour lui. Surtout pour lui. C’est là que réside le cœur de MICHAEL CLAYTON, dans ce portrait d’un homme perdu alors même qu’il l’ignore.
Le film est bavard et manque de punch. Néanmoins, l’éclat métallique de la photographie de Robert Elswitt, les pulsations et nappes synthétiques de James Newton-Howard, l’interprétation remarquable de George Clooney (qui semble enfin jouer !), Tilda Swinton et Sydney "la-force-tranquille" Pollack, ainsi que la poignée de séquences fortes (l’ouverture, l’assassinat, la confrontation finale) construisent une ambiance dépressive qui, personnellement, m’a séduit.