Midnight Special, les vertus de l’héritage

Ce n’est pas tous les jours qu’un film de science-fiction emporte un engouement quasi-unanime comme c’est le cas pour le dernier long-métrage de Jeff Nichols. Présenté comme le digne héritier des film Amblin comme à chaque fois qu’un gamin est héros d’un film de science-fiction, Midnight Special est néanmoins différent sur la vision de la famille qu’il propose ici, unie, et non pas fragmentée ou en difficulté comme chez l’ami Steven. Comme dans Take Shelter l’on va ici suivre un parent tentant de se dépatouiller avec des événements indicibles et dépassant l’entendement. Le rapport à la paternité est ce qui marque le cinéma de Nichols avec des films comme Mud, Take Shelter et aujourd’hui Midnight Special qui voit un père quasiment seul contre le monde pour son fils.Au final la science-fiction est plus un prétexte pour le réalisateur afin de mettre en valeur son message et amplifier les dilemmes auxquels doivent faire face les protagonistes. Ce n’est pas un hasard si en interview Jeff Nichols a déclaré avoir eu l’idée du film après que son fils eut été hospitalisé car gérer l’éloignement de la chair de sa chair est la thématique centrale du film. C’est d’ailleurs peut-être un des défauts de Midnight Special, toute la partie science-fiction pure est vraiment esquissé au point d’en devenir anecdotique. À l’inverse les personnages et les sentiments sont une des forces du film soutenus par un Michael Shannon parfaitement juste avec, c’est vrai, un jeune acteur qui semble tout droit sorti de E.T.


En terme de réalisation, Jeff Nichols a beaucoup travaillé les lumières puisque celles-ci, sans trop en révéler, sont un élément récurrent du film ce qui donne un rendu magnifique qui encore une fois lorgne du côté des années 80 en terme d’ambiance. Qui plus est en creux le réalisateur travaille aussi beaucoup les noirs qui sont vraiment épais et opaque, quitte à perdre le spectateur durant une séquence. Alors Jeff Nichols est-il comme on l’a beaucoup entendu le successeur de Steven Spielberg ? Je ne pense pas. Nichols en tant qu’artiste n’est pas intéressé par les mêmes questions ni par le même public car il ne faut pas oublier que Spielberg est l’un des inventeurs du blockbuster moderne là où Nichols se veut beaucoup plus auteur, malgré le fait que ce nouveau film soit plus orienté et accessible au grand public que Take Shelter par exemple. En revanche, quant à savoir si le cinéma de Spielberg irrigue Midnight Special ça ne fait aucun doute et ce pour la bonne raison que les production Amblin sont celles qui ont apporté une manière de filmer et de mettre en avant les enfants et l’enfance qui fait aujourd'hui partie de l’inconscient collectif.


En somme, je vous conseille d’aller découvrir Midnight Special qui, si vous ne connaissez par Jeff Nichols, est une bonne porte d’entrée dans son oeuvre et sinon vous reconnaîtrez la patte et les thèmes connus du bonhomme qu’il croise avec une vision très années 80 du blockbuster intelligent et humaniste. Personnellement, je trouve qu’on y perd en profondeur et en complexité par rapport à Take Shelter mais qu’il opère ici une des relectures les plus convaincantes d’un style de film que tous les cinéastes nostalgiques du monde tentent à tout prix de recréer à l’image du sympathique Super 8 de J.J. Abrams.

Créée

le 15 juin 2016

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