Woody Allen a bien raison de déterrer de vieux scénarios. Il y exhume par la même occasion une vigueur et un ludisme dans sa créativité qui semblait être disparus depuis longtemps. Mais ne nous épanchons pas davantage sur l'inintérêt de sa saga européenne à laquelle Midnight in Paris offre le plus brillant des contre-exemples.

C'est à Owen Wilson, acteur précieux et scénariste occasionnel chez Wes Anderson, qu'incombe la lourde tache d'incarner l'alter ego du cinéaste, un américain fou amoureux de Paris, qui voit chaque nuit le Paris de l'époque rêvée, celui des années 20, ressusciter sous ses yeux.
On retrouve avec délice le Allen friand de fantastique, adepte de magie mais s'interdisant les tricks scenaristiques lourdauds. Car l'ultime coquetterie de Woody Allen, comme dans Ombres et Brouillard ou la Rose Pourpre du Caire, est ici le premier degré, l'acceptation totale de son présupposé fantastique. Wilson voyage dans le temps et rien ne viendra remettre en question cet état de fait, on l'affirmera même via le journal intime.
Midnight in Paris, une fois la longue introduction de quatre minutes exhibant de belles prises de vue parisiennes passée, se détachera avec intelligence de la déclaration d'amour éperdue à la Ville Lumière. Au profit d'une petite dissertation malicieuse sur notre rapport au présent et au passé, la nostalgie d'une ère qu'on a pas connu. Avec un amusement un peu redondant certes, Allen s'amuse des paradoxes, de l'anachronisme des situations, rencontrer Hemingway, faire lire son manuscrit à Gertrude Stein, ou proposer à Zelda Fitzgerald une pilule de Valium ("la pilule du futur"). Si on frôle parfois le défilé de people vintage un peu vain, Allen makes his point et non sans style.

Depuis Ombres et Brouillard peut-être, on avait pas vu un Woody Allen aussi poussé esthétiquement, grâce au bel éclairage mordoré de Darius Khondji qui ressuscite à merveille le Paris de la belle époque. Allié à la simplicité légendaire des dispositifs de mise en scène du New-Yorkais, l'ensemble jouit d'une élégance certaine.
Antoinescuras
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le 13 juin 2011

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