Mamoru Hosoda traite dans tous ses films depuis "Summer Wars" de la cellule familiale sous différents angles et différents points de vue. Souvent avec beaucoup de tendresse et d'humour, mais surtout avec énormément de justesse et de sensibilité.


Dans "Miraï, ma petite soeur", il explore le rôle du grand frère et sa relation avec une soeur qui vient juste de naître. À travers divers séquences, le réalisateur s'attache à montrer la difficulté d'intégrer une nouvelle personne dans son cercle familial, et tous les bouleversements qui s'ensuivent.


Comme toujours chez Hosoda, le film est superbe, aussi bien en termes de couleurs, de cadrage, de rythme et de dynamisme. C'est toujours autant un plaisir d'observer la maîtrise d'un conteur au talent aussi affiné et mature, et on passe un excellent moment devant "Miraï".


Néanmoins, j'en suis ressortie avec une impression en demi-teinte. Déjà, il y a moins d'enjeux dans cette histoire pour le petit Kun et sa soeur, voire aucun. On suit en réalité un petit garçon tout ce qu'il y a de plus banal, qui découvre simplement que le monde ne tourne pas autour de lui et qu'il faut apprendre à partager et à s'affirmer davantage.
Les passages oniriques servent de petites leçons de vie, mais aucune n'a vraiment un impact marquant. Parfois même le message nous est délivré brut, sans volonté de laisser le spectateur réfléchir sur ce qu'il voit à l'écran, comme si le film ne nous faisait pas confiance pour comprendre où il voulait en venir.


Un autre point qui m'a chiffonné, c'est que le protagoniste de l'histoire, c'est Kun, et non pas sa soeur, qui n'a finalement qu'un rôle de catalyseur. J'espérais, je pense, un point de vue plus féminin après "Le Garçon et La Bête" qui abordait la question de la paternité, et j'en suis ressortie un peu déçue, mais c'est davantage causé par mes attentes de base, donc il m'est difficile de blâmer le film pour ça. Il n'empêche que le positionnement du film est très masculin, avec différents modèles d'hommes qui influencent bien plus Kun de façon positive (comme son grand-père) que ses modèles féminins, qu'il a tendance à rejeter avant de les accepter à reculons. Miraï elle-même aurait pu être aussi bien un garçon, le propos n'aurait pas fondamentalement changé le propos du film, et c'est un peu dommage.


"Miraï, ma petite soeur" semble au final un film plus personnel, plus ancré dans le réel, avec moins de rebondissements et d'enjeux, sans doute pour montrer la réflexion de Mamoru Hosoda par rapport à sa propre situation familiale. Cela donne un film un peu plus anecdotique dans sa filmographie, faute d'un souffle plus épique et de personnages plus distincts et à la personnalité mieux affirmée comme dans ses précédentes oeuvres.
Cela étant, "Miraï" reste un bon film, qui parlera sans doute beaucoup aux grands frères qui ont dû apprendre à cohabiter avec un petit frère ou une petite soeur.

Therru_babayaga
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le 5 mars 2019

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Therru_babayaga

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