Si Mission Impossible premier du nom se posait comme une adaptation plutôt fine en soi, car dotée d’une intrigue privilégiant le fond à de l’action prédominante, il est indéniable que sa suite n’est aucunement du même acabit.


Aux antipodes de l’opus made in Brian De Palma, ce Mission: Impossible 2 dirigé par le cinéaste chinois John Woo se veut donc bien plus musclé que ne l’était son aîné, de quoi faire écho à sa filmographie référencement violente ; au sortir d’une consécration nationale (Le Syndicat du crime et The Killer), il n’est cependant pas étonnant de trouver Woo à la barre, celui-ci ayant précédemment gagné ses galons hollywoodiens (Broken Arrow et surtout le fameux Volte/Face), de quoi succéder à Oliver Stone à la tête d’un projet encore et toujours produit par Tom Cruise.


Seulement voilà, si de l’action en cascade n’est pas forcément gage de ratage en règle, toujours est-il que M:I2 se sera planté royalement, comme peut en attester sa réputation toujours vive de nanar (hautement méritée) ; à des années-lumière du film d’espionnage fouillé, celui-ci s’apparente ainsi à un divertissement survitaminé n’offrant que trop peu d’intrigue pour véritablement intéresser, d’autant que le caractère grotesque de son contenu laisse planer un air d’autodérision palpable.


Décevant au point d’être amusant malgré lui (si ce n’est gênant), le long-métrage de John Woo n’a donc que peu d’arguments à faire valoir en sa faveur, mise à part la plastique d’une Thandie Newton on ne peut plus charmante ; toutefois, si l’on excepte une trame bateau à souhait entourant la Chimère, la pseudo-idylle liant Ethan Hunt (porté par un Tom Cruise ridiculement brushing-ué) au personnage de cette dernière est tout aussi navrante, au point de plomber bien plus encore les faibles prétentions de M:I2.


Pour le reste, le film a tout du banal film d’action bête comme pas deux : une intrigue prévisible, un méchant très méchant (heureusement que Dougray Scott n’a pas endossé à la place le rôle de Wolverine), des personnages secondaires nullement approfondis (même le retour de Ving Rhames est fade au possible), ou encore des fusillades davantage bruyantes qu’impressionnantes.


La présence à l’écran d’Anthony Hopkins ne brille pas d’une utilité folle pour sa part, ceci illustrant le gâchis d’un casting pourtant bien fourni, tandis que la BO de Hans Zimmer se veut aussi entêtante que taillée sur mesure pour le long-métrage (c’est-à-dire sans aucune finesse) ; mais là où M:I2 se distingue véritablement, c’est bien au gré de la mise en scène croulant sous les ralentis de John Woo, qui couplée à de fortes sensationnelles (mais pas dans le bon sens du terme) chorégraphies de combat parachève une exagération ambiante conséquente.


Entre une introduction limite vantarde du personnage d’Ethan (l’escalade c’est de la rigolade), une course-poursuite à moto culte tant elle est tirée par les cheveux, et enfin un affrontement final à rallonge truffé de clichés, ce M:I2 n’aura donc pas failli à sa réputation ; à voir au second degré, sinon vous risquez de tomber de haut !

NiERONiMO
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le 30 août 2015

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NiERONiMO

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