Mission Impossible a toujours eu une tendance à l'exubérance, reprenant certes une ambiance à la James Bond mais multipliant les gags potaches, les scènes d'actions impossibles et les scénarios entièrement tournés vers le divertissement de masse.
En cela, le cinquième volet de la saga utilise la même recette : l'action appelant l'action, chaque scène appelant à une surexagération, un défi de plus, en somme une mission encore plus impossible que les précédentes. Cette fois, notre cher Tom Cruise est un paria, sur la sellette tout comme l'organisation Mission Impossible, il est à la fois traqué par la CIA et par une organisation secrète, Le Syndicat, composé d'ex-agents spéciaux surentrainés.
Le film nous gratifie de quelques bons moments : la scène de l'opéra à Vienne, en particulier, course poursuite et assassinats feutrés, multiplication de protagonistes et de complexités, particulièrement appréciable, puisque la captation sonore retranscrit fidèlement le son à nos oreilles selon les points de vue de la scène : Tom Cruise à droite et la musique vient à droite, Tom Cruise au fond, et la musique vient au fond, avec une précision rare. Très bien produit et réalisé sur ce plan. L'autre scène marquante est la course-poursuite dans Casablanca et l'entrée dans la centrale électrique aussi bien gardée que le siège de la CIA, et enfin la fameuse course poursuite à moto, faite de cuir, de vrombissement et de poussière comme on les aime.
Mais le hic vient de là. Casablanca devient un patchwork cliché du Maroc, celle-ci étant composée, pour les besoins du film de bout de la ville de Rabat, de Ouarzazate et de Casablanca. On passe d'une ville à l'autre en une traversée de rue et cet amalgame de surenchère pour renforcer l'ambiance et l'action est vite lassant lorsqu'on connait un lieu sur lequel le film est sensé se dérouler. De plus, les villes et les lieux s'enchaînent : Biélorussie, Londres, Washington, Casablanca, Berlin, Paris, et tant d'autres, pour accélerer le rythme et l'action, pour téléporter les protagonistes aux quatre coins du monde en un rien de temps. Et cela ne sert finalement guère le scénario.
Le scénario, justement, est tiré par les cheveux. Il s'efface pour laisser place à l'action et même si Tom Cruise, malgré ses traits vieillis nous gratifie de sa "badassitude" à toute épreuve, force est de constater que l'histoire sert à lier des scènes d'actions très réussies mais sans cohérence.
On s'amuse donc devant l'écran, on ne s'ennuie pas. Mais on est habitué à présent aux vieilles recettes hollywoodiennes et le film, par ses effets de surenchère est un peu compassé. On ressort détendu mais on a déjà oublié la plupart des scènes. Un bel emballage, bien réalisé, très efficace, mais un peu vide, comme bien souvent à présent dans les blockbusters et même les sagas les plus cultes, hélas.