Mister Babadook, l'amère déconvenue
Le pays des kangourous nous avait offert en juin une belle claque en The Rover, brillante oeuvre de David Michôd, et promettait à nouveau quelque chose d'assez grandiose en la personne de Jennifer Kent, petit brin de femme sacralisé au rang de réalisatrice à l'aide du crowdfunding et de sa belle volonté avec Mister Babadook, soi disant pépite horrifique multiplement récompensée et notamment au Festival de Gérardmer. Quid des critiques et du public ? Une bien belle réception et l'éloge d'un long métrage qui renoue enfin avec l'horreur, malgré des propos un peu contradictoires sur l'affiche française (sérieusement ? Rosemary's Baby à côté de Insidious ?). Néanmoins, la hype autour d'un film est parfois trompeuse.
Soyons preu chevalier et accordons en un premier temps l'espace de quelques lignes pour définir les bons points du film. Mister Babadook détient une relative bonne ambiance, particulièrement assistée par toute la dimension psychologique qu'elle développe et la crédibilité qu'elle arbore. Le scénario n'est pas né il y a trois heures d'un arbre magique et innocent dont on aurait encore vu aucune branche, mais au moins, le tout demeure cohérent et se tient dans ce qu'il veut offrir (hormis la fin). Et c'est là que se trouve la grande qualité de ce film : la psychologie. Certes, on n'est pas devant Shining, mais Jennifer Kent, qui officie également comme scénariste, axe son film sur l'intérieur, le viscéral des personnages et de leur être et non sur un déluge d'effets et de poncifs usés pas les quatre vingt dernières années de cinéma. Les personnages et leurs peurs sont les éléments principaux du film, par leurs sursauts ou l'objet des sursauts. Et honnêtement, cela fait du bien de voir quelque chose de vraiment intelligent sur le fond et qui progresse petit à petit pour tenter d'accoucher d'un mal-être qui ne quitterait plus le spectateur ...