L'amour d'une mère vs la frustration d'une femme.

J'aime...J'ADORE les films métaphoriques ! MAIS celui-ci manque de créativité. Donc je ne l'ai que moyennement apprécié.


Franchement, je ne comprends pas pourquoi le Babadook ne ressemble pas aux illustrations du livre ?! Ils nous vendent une créature massive faites de velours noir dont seuls les yeux et les dents percent la pénombre...et à la place on a une espèce de cosplay manqué du rejeton de Jack l'éventreur et Edouard aux mains d'argent...qui pousse des cris de chouette. Enfin non, si je veux être exacte - et j'ai vérifié - ce sont les mêmes bruitages que dans Resident Evil. 15 ans plus tard, on les connait, ils sont devenus familiers...boriiiing.


La catastrophique réalisation de la créature mise à part, son côté métaphorique est intéressant.


///SPOILERS\\


Selon moi, il n'y a pas vraiment de créature surnaturelle, ce n'est que la figuration d'un esprit malade, celui de la mère. Cela est d'autant plus crédible que la créature n'a absolument aucune interaction avec qui-que ce soit d'autre dans l'univers du film, même pas avec l'enfant qui emboîte seulement la mère dans son comportement et qui prend appui sur les illustrations et le folklore du livre pour évoquer la créature. A chaque fois qu'il est frappé par une force invisible, c'est sans doute sa mère qui le frappe directement mais comme elle est dans le déni et la dissociation, on assiste à ces moments d'un point de vue externe tronqué, maquillé.


Concrètement, le Babadook est sans doute l'incarnation de son mal-être entant que femme (frustrée sexuellement et socialement) et entant que mère (dépassée par un enfant difficile). A un moment du film, elle discute avec d'autres femmes et évoque son ancienne activité...écrivaine/illustratrice de livres pour enfants. Bam ! De là il n'y a plus de doutes que c'est elle qui a réalisé le livre du Babadook dans un moment de dissociation mentale. Par là, elle se crée un alibi pour son comportement.


Autre révélation qui, selon moi, arrive bien trop tôt dans le film, c'est celle qui entoure la distanciation de la mère pour son fils, à savoir le fait que son compagnon soit mort en l'emmenant à l’hôpital pour accoucher. Garder le mystère plus longtemps aurait permis à la tension de grandir et de s'ancrer davantage. Le fait que le Babadook prenne les traits de son compagnon décédé est également révélateur de sa véritable identité. Ce n'est pas son fantôme, non, mais la métaphore de la peine qui accompagne sa disparition. Toutes ses amies parlent de cet homme et elle leur dit d'arrêter. A côté de ça, son fils n'arrête pas de parler du Babadook et elle le supplie de ne plus l'évoquer. Encore un parallèle ! Quant aux morceaux de verre qu'elle trouve dans sa soupe, ils rappellent ceux du pare brise qui volent autour d'elle dans la voiture lors de ses flashbacks de l'accident.


Je n'ai pas d'interprétation concernant les cafards...hormis l'étrange coïncidence avec le nom de famille de la voisine (Roach comme dans cockroach, cafard en anglais). Pourquoi cette obsession pour la strangulation aussi ? Simple. Elle est expliquée dès la seconde scène du film où on voit le fils endormi s'agiter des spams du sommeil et serrer inconsciemment sa petite main sur le cou de sa mère qui se dégage immédiatement. Ce gosse est pire qu'un boa constricteur. Ugh. Étouffant au sens propre comme au figuré ! D'ailleurs il a regardé droit dans la caméra plusieurs fois et ça, c'était agaçant. Surtout quand à côté on a une actrice qui est super crédible. Tsss.


Bref, enfin, pourquoi nourrir le Babadook de vers de terre ? Parce qu'ils symbolisent les maux intérieurs de la mère. En effet, ces présences grouillantes partout où nous sommes, auxquelles nous ne pouvons échapper, représentent les angoisses qui existent sous la surface de notre conscience. Or, justement, les rêves ont pour caractéristique de fournir des images de ce qui reste en nous une fois notre conscience légèrement endormie...pour se repentir, la mère offre donc en sacrifice/compensation au Babadook (créature onirique) le plus proche équivalant de ses pulsions égoïstes et de ses angoisses existentielles enfouies : des vers.


Voilà, en gros, ce film, pris au premier degré peut remplir son rôle et vous faire angoisser quelques minutes, mais si on gratte la surface, les amoureux des films métaphoriques y trouveront aussi leur compte !

Charlz
6
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le 29 mai 2015

Critique lue 340 fois

Charlène

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