J'avais vraiment hâte d'aller voir Moi, Tonya suite à ses nombreuses nominations mais aussi pour cette biopic originale et décalée qui revient sur l'un des fait divers qui a marqué le monde olympique dans les années 90. La forme n'a rien de classique mais retrace habilement les étapes phares de la patineuse, de son enfance à ses 40 ans, ponctuée par des interviews des différents personnages de son entourage, de sa mère à son ex, en passant par son ex-entraineuse et son ex-garde du corps. Ce montage donne beaucoup de rythme, surtout dans la première partie du film où la mère est au coeur de l'action. L'interprétation d'Alison Janney (favorite pour l'Oscar du second rôle féminin) est politiquement incorrecte, cruelle mais au fond drôle et pudique. Elle est à l'image du film, vulgaire, très drôle et démente, tout comme ces partenaires. Margot Robbie, quant à elle, se la joue compétitrice féroce dans ce sport impitoyable du patin sur glace ! Elle est imprévisible et impertinente, mais aussi maudite et désespérée si bien qu'on ne peut que trouver son destin dingue et insolite ! Derrière le ton central de la comédie et du second degré se cache un portrait émouvant et censuré d'une femme prise au piège par sa propre réputation. Le scènes finales sont brillamment menées par la sincérité de jeu de Margot Robbie ! La mise en scène de Gillepsie est efficace, parfois inégale à cause de certaines longueurs (et le collage de la tête de l'actrice sur un corps de patineuse pro lors des scènes de compétition est mal finalisé et le rendu est pas terrible), mais on prend plaisir à suivre ce faux documentaire, entre rires et émotions, indignation et apitoiement. Tonya Harding prend sa revanche avec ce film qui la célèbre comme une anti-héroïne, chevronnée et condamnée pour ses origines sociales et sa langue bien pendue !