Diane Després, fauchée et désabusée, est forcée de récupérée son fils, Steve, hébergé dans un centre d’éducation. Instable, victime de troubles de comportements, il n’est pas un méchant garçon, c’est un ado animé d’une folle volonté de vivre, mais il est peut s’emporter pour un rien et devenir très violent. La mère voit d’un mauvais œil ce changement, avec ses finances dans le rouge, elle n’a pas le temps de s’occuper d’un ado perturbé. Pourtant ils restent très attachés l’un à l’autre, Steve par un trouble de l’attachement, et Diane qui refuse catégoriquement de l’envoyer se faire soigner dans un hôpital. Mais entre les piques acérés que la mère et le fils retrouvé s’envoient, la violence peut subitement se manifester, brutalement, sans contrôle. Leur relation est assez particulière, entre les échanges d’insultes assez choquantes et la forte intimité entre les deux. Intervient alors une voisine, elle aussi paumée et abîmée par la vie, qui instaure un peu d’équilibre. Son histoire, elle ne sera pas vraiment racontée, il faudra la deviner.
Xavier Dolan est un réalisateur atypique. Passionné de cinéma hollywoodien, il a déjà 4 films à son actif à seulement 26 ans sans n’avoir jamais tourné à l’extérieur de son Canada natal. D’où une marque unique, et des œuvres atypiques et singulières, qui forcément marquent, d’où son obtention du Prix du Jury du Festival de Cannes 2014.
Il y a peu je vantais les capacités des films comme « le rôle de ma vie » d’alterner efficacement les deux registres, l’humour et la tristesse. « Mommy » va encore plus loin en jouant sur des registres diamétralement opposés, où une violence brutale et insoutenable, tel le fils qui bat sa mère, avec des moments d’extase ou les trois êtres réunis trouvent un moment de grâce et de réconfort, en chantant sans complexe tous ensemble. Des scènes amplifiées par une magnifique bande musicale, où des chansons comme « wonderfall » de Oasis voir même « on ne change pas » de Celine Dion trouvent superbement leur place, ajoutée à quelques mélodies classiques inspirées.
Les personnes sont suffisamment justes et atypiques pour être authentiques, touchant dans leur faiblesse. Des rôles qui ne pouvaient qu'être incarnés par de bons acteurs.
Mais il faut le savoir, malgré le réconfort que la relation avec d’autres humains peut provoquer, le film n’est pas vraiment optimiste. Le poids du passé, l’impact d’une maladie sans traitement, laissent des marques qui ne peuvent s’effacer. Et tôt ou tard la musique cesse de jouer. Il n’y a alors plus qu’à alors savourer ces rares moments d’euphorie, et garder l’espoir, l’espoir qu’un jour la situation s’améliorera. « Mommy » glisse alors vers une conclusion que l’on devine triste, et les moments durs, apparemment la spécialité du réalisateur canadien, finissent par devenir pesant. C’en est presque dommage d’aboutir ainsi après tant de beaux moments. Certains pourraient rétorquer que la chienne de vie est ainsi, mais ce serait une vision bien amère. A noter que selon son interprétation, la fin pourra contenir un peu d’espoir ou être carrément déprimante… Quoiqu’il en soit, « Mommy » est un film poignant, quelque soit les sentiments par lesquels il fait passer, du rire aux larmes, larmes de joie comme de tristesse.
Comme pour le film Starbuck, le film est québécois, et malgré cette langue issue du français, il aurait été incompréhensible sans les sous-titres, tant les mots anglais se mélangent au français, avec des expressions bien à eux. Ce qui rend les jurons et les piques verbales particulièrement savoureux.