Mon oncle de France

Je n'avais pas trop aimé Playtime, je n'avais pas réussi à accrocher par l'absence de personnages principaux définis, ça m'avait plutôt ennuyé même si c'était pas inintéressant. Mais comme je le disait à la fin de la critique de ce film, ça ne m'avait pas ôté tellement l'envie de voir d'autres films de Tati. Et comme tous ses films repassent en ce moment, j'en profite pour les voir.

Et Mon oncle m'a bien plus convaincu que Playtime. Contrairement à celui-ci, Tati se concentre sur une petite galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres. On retrouve bien évidemment Monsieur Hulot, plus charismatique et attachant que jamais, dans des aventures rocambolesques au pays de la modernité, qui lui cause bien des déboires.

Ce que je trouve assez troublant c'est que l'on se croirait devant un film muet, il arrive souvent que les personnages parlent peu ou pas (ou baragouinent quelque chose qu'on ne comprend pas et qui est presque inaudible), le comique est très visuel, très gestuel, et la mise en scène arrive parfaitement à créer des situations comiques, Tati ose (et c'est souvent le cas dans les comédies réussies) à étirer ses scènes jusqu'à l'absurde, ce qui donne de bons résultats. J'ai vraiment ri de bon coeur devant le film, et ça fait du bien. Il a réussi à créer un personnage et ça c'est vraiment quelque chose, un peu comme Chaplin dans le muet (mais pas que) (ça m'a d'ailleurs donné envie de voir plus de films de Chaplin, j'en ai vu que deux pour l'instant).

C'est vraiment un film charmant, très bien fait, très drôle tout en étant assez méchant et assez juste dans sa manière de décrire ses personnages. Pour Hulot, il suffit de voir le début du film, ce plan de la maison avec Tati qui monte jusqu'à chez lui et c'est bon, on a compris, on a tout compris du personnage. C'est vraiment bien d'arriver à faire tout ça. La musique (et son absence dans le monde moderne) contribue à donner une ambiance plaisante et apaisante ou froide et un peu tendue selon l'endroit où l'on se trouve.

Alors bien sûr, c'est un peu réac' comme film, Tati semble rejeter totalement le monde moderne. Je ne pense pas qu'il ait tout à fait tort, mais on peut être gêné par ça (ce n'est pas mon cas, mais je peux comprendre qu'on n'aime pas). Enfin, ça reste drôle et très tendre, les gamins sont mille fois plus vrais que ceux du petit Nicolas (bon pas dur, c'est vrai). Et je trouve le dernier plan très beau, ce voile jeté sur le village, comme s'il n'était plus qu'un souvenir.

Un moment délicieux.