Tiré d'une pièce de Evelyne de la Chenelière, le film de Philippe Falardeau s'articule autour de deux thèmes : celui de l'exil qui frappe cet algérien obligé de fuir son pays où sa femme a été assassinée ainsi que sa famille à la suite de la publication d'un ouvrage mettant en cause le gouvernement, et celui des difficultés liées à l'enseignement et à la transmission du savoir à une époque où toutes les valeurs, et les plus essentielles, sont remises en cause. Bachir sera lui-même obligé à des concessions pour garder son emploi, mis en péril permanent du fait qu'il est un réfugié et en dissidence avec son pays d'origine.



Ces deux thèmes, tellement actuels, traités sans lourdeur, avec infiniment de tact et de sensibilité, nous offrent un film accompli et très prenant, admirablement porté par le charisme de l'acteur principal Mohammed Fellag, qui n'en est pas à son premier essai mais donne ici la pleine mesure de son talent, fait d'intériorité et de douceur. Et, ce, face à une pléïade de jeunes acteurs prodigieusement naturels, justes et convaincants. Cela n'en était pas moins un exercice difficile que de nous entretenir de sujets aussi délicats que le suicide et la fuite hors frontière d'un opposant au régime de son pays, sujets qui risquaient à tout moment de sombrer dans le mélo mais que l'auteur accomplit avec maitrise, nous donnant à entendre, charme supplémentaire, l'accent québecois et haut en couleur des jeunes élèves. Si je n'ai pas tout compris, j'avoue que cela ajoute un piment et une note de gaieté à un opus circonscrit dans le tragique, dont la disparition de Martine, la jeune enseignante qui choisit de se pendre dans sa propre salle de classe - ce que Bachir considère comme une faute grave - et la situation illégale de ce dernier. L'école est avant tout un lieu de vie, non un lieu de mort - dira-t-il, déculpabilisant avec les mots justes la mauvaise conscience de certains élèves, se gardant bien, quant à lui, d'aborder ses soucis personnels.
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le 29 sept. 2012

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