Incontestablement, malgré quelques bonnes inspirations, « Monsieur Lazhar » ne mérite pas un quelconque prix de mise en scène (et pourtant il en a eu un!), ni de scénario (et pourtant il en a eu un aussi!), et encore moins de nomination à l'oscar du meilleur film étranger (vous ne devinerez jamais : il en a eu une aussi!). Passé ces quelques constatations, ne soyons pas non plus hypocrites en boudant notre plaisir. Car c'est un très agréable moment de cinéma que j'ai connu pendant 90 minutes, simple, modeste, mais touchant et parfois drôle, à l'image de son émouvant personnage principal. On a beau trouver parfois la démarche un peu « gros sabots », force est de reconnaître qu'elle est plutôt efficace, et que l'on suit avec intérêt ce curieux héros, notamment dans son relationnel avec ses collègues, mais surtout avec les enfants. Certaines sous-intrigues ont beau être légèrement forcées, on croit en revanche dur comme fer à ces cours rafraîchissants et très humains, sensible plongée dans une classe de primaire marquée par le deuil, à laquelle plusieurs enfants apportent un supplément d'âme. L'œuvre doit enfin beaucoup à Mohamed Fellag, magnifique mélange de tendresse, de timidité et d'obstination, au point de se confondre presque totalement avec cet étonnant Bachir Lazhar... Le résultat ne restera pas forcément dans les mémoires, mais il n'en aura pas moins été instructif et salutaire : un joli film.