Tout, dans Monsieur & Madame Adelman, n’est que tendance, soit le raccord à la conformité la plus stérile en passant pourtant par de nombreux détours et sinuosités tonales ; c’est dire que la provocation, omniprésente ici, se suffit à elle-même sans toutefois suffire à construire un récit qui dise quelque chose des époques traversées ou de la cellule conjugale investie. La sexualité explicite et vulgaire, la haine de ses enfants et l’amour différencié pour l’un d’eux, la drogue et l’alcool, autant de sujets que Nicolas Bedos traite pêle-mêle mais dans lesquels il ne manifeste aucun talent, sinon celui d’assembler emprunts, plagiats et citations à la façon d’un mauvais élève en panne d’inspiration devant un travail à la maison – ou incapable de le mener à bien.
Sa caméra virevolte constamment, grisée par une prétendue liberté qui se heurte aux artifices du vieillissement et des sauts temporels qui cachent à peine la trajectoire platement linéaire de l’ensemble. Car le film n’a ni odeur ni saveur, exception faite de cette laque qui sert à lustrer le fabriqué et à masquer les défauts du faux. Seule une séquence reste en mémoire, celle qui confronte deux parents autocentrés à la débilité profonde de leur progéniture ; il y avait là un fil à tirer et à exploiter, une noirceur et un sarcasme authentiques et bienvenus, aussitôt exposés aussitôt écrasés sous le poids de l’autosacre d’un médiocre qui veut être le roi du monde, le roi de son petit monde, voire un cinéaste qui se regarde filmer, qui se regarde écrire, qui se regarde jouer. Imposture, oui – voilà une thématique honnête.