Il fut un temps où John Cleese, le plus gentleman des Python, se faisait le garde du corps des esprits choqués, interrompant souvent les sketchs pour dire : “stop, this is silly!” Il n’en faisait que rajouter à la dérision & c’était parfait. Force est de constater que ces jours sont révolus : autant il est hilarant de le voir illustrer un cours d’éducation sexuelle de sa personne, accompagnant le geste d’une parole fleurie, autant la provocation part à la dérive : les Python veulent ennuyer les censeurs, oui mais quoi d’autre ?
Le sens de la vie demeure un monument de la provocation, jouissif à chaque instant où il va trop loin : sexe, racisme, gore (allant jusqu’à être le seul film qui a choqué Tarantino par sa violence), plongeant l’hypocrisie culturelle & religieuse dans un humour plus acide que de raison, l’œuvre dépasse ce dont on peut s’attendre de plus grinçant de la part des Anglais les plus autodérisoires.
Cependant, la représentation glauque a ses limites & l’humour noir a mal mûri dans un retour à la formule “sketchs” qui pêche par acerbité sans une once de retours aux sources du Flying Circus. Bizarre racine des post-Monty, Le sens de la vie pose les bases pour des artistes à qui le film aura servi d’œuf, notamment Terry Gilliam en matière de cinéma. Son court-métrage intégré, où son style détone totalement de celui de Jones, l’affirme comme le cinéaste du futur Brazil avec la caricature qui passe par les gros plans, l’étude du charme des personnes âgées & le recyclage dystopique des objets quotidiens.
Le collectif n’y était plus. Dernière œuvre, ultime dépassement, tremplin devenu culte simplement parce que les Monty étaient arrivés à se donner tous les droits, le film en devient presque simplement une insulte divertissante.
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