Découpé en trois parties distinctes, s’intéressant à trois moments déterminants de la vie du héros (enfance, adolescence et âge adulte), Moonlight vaut surtout pour l’importance de son sujet. Rares sont effectivement les films qui traitent aujourd’hui de l’homosexualité dans la communauté noire, surtout dans un tel contexte. Et le long-métrage s’y attelle avec énormément de sincérité. Non seulement la démarche du réalisateur est incroyablement salutaire pour la cause, mais on sent également une véritable implication de sa part dans l’histoire. Pour autant, le traitement de celle-ci laisse néanmoins à désirer. Extrêmement mécanique dans son procédé de narration, le film se révèle assez inégal sur la durée, livrant, certes, quelques séquences de toute beauté, mais malheureusement enfouies sous d’interminables tunnels de dialogues. D’un point de vue purement scénaristique, on regrettera aussi le peu d’évolution du personnage principal. A l’exception du dénouement, qui laisse enfin poindre un potentiel revirement, Chiron est en effet terriblement passif, subissant inlassablement l’action, au grand dam des spectateurs. Difficile du coup de se passionner pour un parcours traité aussi platement.


En outre, si la thématique de l’acceptation de soi liée à la sexualité du héros trouve une conclusion dans le dernier acte du récit, d’autres sujets notoires comme la drogue ou le racisme, notamment, semblent par contre un peu abandonnés en cours de route. Malgré tout, le long-métrage se laisse suivre sans déplaisir et peut compter sur des personnages secondaires charismatiques pour rehausser son intérêt. Le plus impressionnant de tous étant certainement la mère de Chiron, superbement interprétée par Naomie Harris. Complètement méconnaissable, l’actrice anglaise marque les esprits à chacune de ses apparitions. Qu’elle remporte, ou non, une statuette aux Oscars dans quelques semaines, sa prestation habitée mérite en tout cas d’être saluée. Dans un style nettement plus sobre, Mahershala Ali se montre, lui aussi, particulièrement convaincant dans la peau d’un dealer faisant office de figure paternelle pour le jeune Chiron. Tandis que Andre Holland est bouleversant d’authenticité en ami d’enfance dans le dernier segment de l’histoire. Enfin, à l’instar du film dans sa globalité, la mise en scène de Barry Jenkins est relativement inégale, se révélant tour à tour banale et somptueuse.


En définitive, Moonlight s’avère donc être un drame infiniment nécessaire, mais largement surestimé. Malgré l’importance de son sujet, le film souffre d’un traitement beaucoup trop plat que pour captiver sur la durée. Il y a bien, ici et là, quelques scènes remarquables, mais elles sont malheureusement trop peu nombreuses que pour changer radicalement l’impression générale, plutôt moyenne.


https://cinerama7art.com/2017/02/08/critique-moonlight/

Wolvy128
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le 8 févr. 2017

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