Évoquer le passage de l’enfance à l’âge adulte est un pari risqué et attendu, surtout quand on évoque l’enfance dans les ghettos sur fond de commerce de drogues et de réussite par l’argent. Ici, Barry Jenkins en fait un moment intime, délicatement mis en lumière sur fond de paysages de Floride où se côtoient soleils couchants et immensité de l’océan.
Cependant, et malgré une réelle volonté de tordre le cou aux clichés du genre, le réalisateur ne parvient jamais à convaincre et offre une vision souvent attendue de son sujet.
En effet et malgré une volonté de faire de ce récit une oeuvre intime et évolutive, le film manque parfois de lisibilité quant à son sujet. Certains personnages disparaissent sans parvenir pleinement à prouver le rôle qu’ils ont joué dans la construction du jeune Chiron et la forme du triptyque, souvent utilisée pour montrer l’évolution d’un personnage, crée ici une déconstruction qui, au final, dessert le film.
De la même manière, la mise en scène qui alterne entre caméra posée et caméra subjective superpose des plans parfois maladroits. Enfin, et malgré une interprétation très juste de la part de chaque comédien, ce sont les personnages eux-mêmes qui se perdent dans l’énergie tragique de leurs renoncements créant ainsi un effacement regrettable. Le jeune Chiron aurait peut-être mérité un développement plus construit et plus intense. Son mutisme volontaire, allié à une mise en scène parfois malheureuse auront eu raison du sujet du film et de son propos pourtant engagé.
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