Nous sommes sur une petite île perdue des Etats-Unis, en 1965. Deux jeunes d'une douzaine d'année, Suzy et Sam, font une fugue. Sam étant scout, ils partent dans les bois. Au même moment, une tempête violente se prépare. Ces deux évènements vont chambouler toute la petite vie tranquille de cette île et des ses habitants, à commencer par le policier chargé des recherches (Bruce Willis), les parents de Suzy (Frances McDormand et Bill Murray) et le chef scout (Edward Norton).

J'ai adoré ce film. Du début à la fin. Comme ça, c'est clair. Une ambiance absolument formidable. L'histoire pourrait être traitée de façon très tragique et très sombre, au vu des thèmes abordés (les enfants sont considérés comme étranges et un peu ingérables par les adultes - nous sommes dans les années 60, je le rappelle, on traite les jeunes à problème aux électrochocs si besoin); mais le réalisateur ajoute des touches d'humour et de légèreté qui rendent l'atmosphère de ce film assez unique. Je parle de légèreté, mais attention, jamais de désinvolture; c'est de l'humour subtil, à mi-chemin entre le burlesque et l'humour noir.

Une chose remarquable, c'est que les enfants apparaissent tout au long du film comme plus décidés, plus responsables que les adultes, un peu perdus, traînant leurs complexes et leurs doutes. Les adultes ont cessé de rêver et traînent une vie morose; les enfants, eux, rêvent et confrontent de façon très mature leurs rêves au monde adulte, leur monde adulte fantasmé face au monde adulte réel. Les enfants, d'ailleurs, jouent superbement bien, à commencer par Sam et Suzy. Le reste du casting n'est pas en reste, justement, avec des interprétations très justes et plus fines qu'il n'y paraît. Personnages attachants, mais qu'attendre d'autre d'un casting aussi formidable? Bill Murray, Frances McDormand (dont je suis fan depuis que j'ai vu Fargo), Bruce Willis, Edward Norton...

Mais surtout, il y a l'ambiance. Outre le traitement de l'histoire en elle-même, l'ambiance est magnifiée par le son et l'image. La bande-son participe de l'atmosphère de ce film, rêveuse, mais plus vivante et active qu'il n'y paraît, et toujours très entraînante. J'ai d'ailleurs découvert Hank Williams grâce à ce film, et je ne le regrette pas. Et je ne parle pas des passages de Benjamin Britten.
L'image est magnifique, avec des tons très colorés, du jaune automnal surtout, des couleurs accentuées (mais pas flashy ou fluo, hein). Enfin, le réalisateur est très bon, on a un vrai travail sur les plans qui sont assez savoureux, tout semble pensé, réfléchi, et participer activement au film.

Bref, un film génial, qui m'a marquée. Une vraie bonne surprise.
Kabouka
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 nov. 2012

Critique lue 388 fois

5 j'aime

Kabouka

Écrit par

Critique lue 388 fois

5

D'autres avis sur Moonrise Kingdom

Moonrise Kingdom
Aurea
4

Au Royaume de l'ennui

Je ne connaissais pas Wes Anderson mais les louanges et les dithyrambes entendus ou lus ici ou là me faisaient augurer du meilleur. C'est donc avec un enthousiasme non feint que je suis allée voir...

le 17 mai 2012

192 j'aime

208

Moonrise Kingdom
SanFelice
9

Old Chickchaw Harvest Migration Trail

Dans ce film remarquable, une scène m'a marqué. Nous sommes sur une petite plage déserte d'une minuscule île quasi-inhabitée de Nouvelle-Angleterre. Deux ados fugueurs installent un tourne-disque...

le 20 févr. 2014

159 j'aime

5

Moonrise Kingdom
Torpenn
7

Une fugue en deux mineurs

Une histoire d'amour entre gosses, ce n'est pas si courant finalement... On pense beaucoup à A Little romance de George Roy Hill, bien sûr, enfin pas forcément tout le monde non plus, on doit être...

le 26 juin 2012

144 j'aime

41

Du même critique

The Witcher: Enhanced Edition
Kabouka
9

Une belle claque et une grosse dose d'originalité

The Witcher, ou la preuve qu'on peut à tout moment être surpris par le monde du jeu vidéo. Un obscur studio polonais dont c'est le premier jeu, une obscure série de livres (célèbre en Pologne et dans...

le 14 oct. 2012

17 j'aime

Just Like a Woman
Kabouka
7

Envoûtant

Just Like a Woman, c'est d'abord et avant tout un film d'une mélancolie incroyable, plein de torpeur, d'élégance et de douce amertume de la vie. Cette histoire de deux femmes délaissées par le sort...

le 14 déc. 2012

12 j'aime

1

Batman & Robin
Kabouka
2

Bienvenue à Nanarland

Ce qui est bien avec ce film, c'est qu'il ne m'a jamais déçue. On nous le vend comme une des pires bouses cinématographiques qui soient, comme une honte à Batman, Clooney et O'Donnell l'ont renié...

le 16 août 2013

9 j'aime