Il faudrait peut-être abandonner nos réflexes un peu stupides nous poussant à croire que tout un film doit être réussi pour qu'on l'aime. Après tout, une pépite de chocolat dans une tarte pas cuite peut suffire à remplir de joie une journée d'hiver, pourquoi n'en serait-il pas pareil avec une phrase magnifique dans un livre ennuyeux, une idée dans un film qui ne nous convainc pas ?
Une histoire d'amour entre gosses, ce n'est pas si courant finalement... On pense beaucoup à A Little romance de George Roy Hill, bien sûr, enfin pas forcément tout le monde non plus, on doit être deux sur le site à avoir noté le film, c'est dommage d'ailleurs, Wes lui pique beaucoup...


C'est affreusement charmant d'en faire un petit conte en couleur joliment appuyé par des tronches connues, ça se déguste comme une glace à l'eau en plein soleil, c'est tout frais, c'est sucré, ça fond à toute vitesse et ça colle un peu aux doigts à la fin.


En fait, Wes, je l'aime, toujours, mais jamais beaucoup. Je préférais ses deux premiers, encore maladroits, mais vivants, avant que son style bien rodé ne prenne le pas sur l'émotion. Depuis Tenenbaum, il lui manque toujours un truc, c'est bien huilé, trop, c'est un peu froid aussi, je vais gentiment tous les voir au cinéma, d'abord, parce que Pruneau me force d'habitude, ensuite, parce que ça reste souvent ce qui sort de plus intéressant dans l'année, c'est presque triste à dire.


Cette fois-ci, j'ai mis le temps, mais j'ai finalement pu le voir, j'ai un peu lutté contre le sommeil au début, mais ce n'était pas de la faute du film, c'est la Gizmo contagion, et puis, je me fais vieux, je dors de plus en plus souvent au cinéma, enfin, je me dis surtout de plus en plus souvent que je préfère dormir un peu que d'assister au spectacle proposé... Encore une fois, ici, ce n'était pas le cas, un vrai petit plaisir, un peu vite oublié, mais ce n'est pas grave, ça reste ce que j'ai vu de plus agréable sorti cette année, moi, et c'est déjà pas si mal...


Un petit bonhomme brun à lunettes avec la toque de Davy Crockett en a marre des castors juniors, il préfère s'évader pour aller retrouver sa poule dans un décor absolument charmant et personnellement, je peux le comprendre. Bruce Willis n'est pas encore mort, Edward Norton non plus, on en apprend des choses en allant au cinéma... Bill Murray est toujours classe, il porte très bien le bas de pyjama sans rien d'autre, je suis jaloux. Pourquoi qu'il bouffe pas sa saucisse, le gosse, le pain a l'air dégueu, mais quand même, ça me fait mal au cœur de voir ça...


Le film a l'air terriblement chouette pour ceux qui ont la chance de ne pas être déjà des vieillards séniles, tant mieux, tant mieux, je comprends presque, mais j'accepte gentiment mon sort, et j'oublie petit à petit tout ce que je viens de voir.


Avec Gizgiz, on a pris le bateau après, enfin, limite un ferry vu qu'on y a discrètement glissé le vélo de la demoiselle. Ca a toujours été mon rêve, j'avais jamais eu l'occasion, je devrais partir en croisière plus souvent, assis comme un bienheureux, les pieds sur le bastingage à ne pas trop penser au mal de mer... J'aime bien réaliser mes rêves idiots sans le faire exprès. C'est un peu comme le film en fait, c'est l'épopée en minuscule, parfaitement agréable et un peu vaine, et puis, trois minutes plus tard, on arrive à bon port, on y serait depuis longtemps en marchant, mais ce n'est pas la même chose.

SOFTWALKER
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le 9 déc. 2018

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