Tomber amoureux c'est quoi ?
Vaste question.
Toujours l'amour a été au cinéma (et ce tout autant dans tous les autres arts) le lieu des tragédies les plus noires, des violences les plus indiscibles, des déchirements les plus dramatiques.
Et pourtant.
Il aura fallu la grâce enfantine, la naïveté désuette, la puissance absurde de ce petit film aux allures kitsch pour répondre à la question de la manière la plus jolie qui soit.
Tomber amoureux.
Fuir son monde.
Camper dans la nature.
S'il ne faut pas voir Moorise Kingdom comme un Into The Wild pour enfants, le film de Wes Anderson lui emprunte pourtant le rôle de la Nature, celle de révélatrice la plus parfaite des sentiments.
Que ce soit sur cette plage dans la crique aux amoureux, dans cette cabane au sommet des cimes, où lors de cette sublime scène finale où une tempête à la violence jamais vue fait éclater, en plus d'éclairs nombreux, des vérités, des cris d'amour, des cris de haine.
Grâce à ces comédiens enfants, aux figures si originales, aux démarches si maladroites mais au fond si touchant, le réalisateur dénonce toute la bêtise d'un monde adulte, sans pour autant ramener au simple et bête inversement des rôles.
Les adultes, leurs failles, leurs faiblesses, dirigent toujours, et ont, au final, toujours un peu raison.
Un film d'expérience.
Oui, pourquoi pas.
Expérience de la Nature, de l'amour, et, plus largement, de la vie.
Sans jamais ôter cette humour noir et absurde, ce sens génialement toqué du cadrage, Wes Anderson donne ici à de grands acteurs peut être leurs plus beaux rôles.
Que ce soit la toujours géniale Frances McDormand, ou encore le toujours présent Bill Murray au rôle ici plus austère, ou même le fabuleux Edward Norton, jamais assez présent, qui touche car semble interpréter le seul adulte qui soit resté au stade d'enfant. Ou, bien évidemment le génial Bruce Willis, qui prouve encore une fois qu'il n'est pas que bon pour les films d'action, se réservant une de ses plus belles partitions, s'improvisant même le plus beau des rôles à la fin du film.
Reste de plus Harvey Keitel dont la présence à de quoi faire beaucoup rire.


Pleurer ou rire, ou les deux en même temps, Wes Anderson sait nous le faire faire. Son film est une pépite lyrique et magnifiquement touchante, qui révèle avec subtilité la vision de l'enfant face à un monde adulte dont les considérations le dépassent. Une vraie pépite.

Créée

le 26 sept. 2015

Critique lue 241 fois

2 j'aime

Charles Dubois

Écrit par

Critique lue 241 fois

2

D'autres avis sur Moonrise Kingdom

Moonrise Kingdom
Aurea
4

Au Royaume de l'ennui

Je ne connaissais pas Wes Anderson mais les louanges et les dithyrambes entendus ou lus ici ou là me faisaient augurer du meilleur. C'est donc avec un enthousiasme non feint que je suis allée voir...

le 17 mai 2012

192 j'aime

208

Moonrise Kingdom
SanFelice
9

Old Chickchaw Harvest Migration Trail

Dans ce film remarquable, une scène m'a marqué. Nous sommes sur une petite plage déserte d'une minuscule île quasi-inhabitée de Nouvelle-Angleterre. Deux ados fugueurs installent un tourne-disque...

le 20 févr. 2014

159 j'aime

5

Moonrise Kingdom
Torpenn
7

Une fugue en deux mineurs

Une histoire d'amour entre gosses, ce n'est pas si courant finalement... On pense beaucoup à A Little romance de George Roy Hill, bien sûr, enfin pas forcément tout le monde non plus, on doit être...

le 26 juin 2012

144 j'aime

41

Du même critique

Les Blues Brothers
Charles_Dubois
5

Critique de Les Blues Brothers par Charles Dubois

Film emblématique d'une génération, The Blues Brothers n'a pas réussi à me convaincre. En tous cas pas totalement. Certes je n'ai pas passé un mauvais moment, j'ai même ri franchement à certains...

le 29 déc. 2015

18 j'aime

Her
Charles_Dubois
10

30 Putain de minutes

30 minutes. 30 putain de minutes. Je crois n'avoir jamais sorti aussi longtemps mon chien. C'est le temps qu'il m'a fallu pour arrêter de pleurer. Pas de tristesse. Pas de joie non plus. De...

le 23 juil. 2014

16 j'aime