Avec Mother!, Arronofsky s'attache à cryptographier un récit déjà lourd en allégorie: relation entre l'artiste et son oeuvre, relation entre le créateur et sa fabrication etc... D’ailleurs, le film menace pendant toute son introduction de se livrer comme un remake déguisé du Rosemary's baby de Polansky. Avant que le soufflet ne retombe et patauge dans un gros délire créationniste: le premier homme qui entre dans la maison, la blessure aperçu à son flanc avant de ne voir débarquer la première femme, puis leur deux enfants qui s’entre-tuent pour une histoire d'héritage... Adam, Eve et leur rejeton. A plusieurs reprise, le cinéaste répète inlassablement son motif: Jennifer Lawrence est une incarnation de la mère Nature, et la maison, avec qui elle entretient ce lien fusionnel, la planète terre. Bardem est donc le démiurge. Au sens strict, platonicien du terme.


On peut également y voir une métaphore du cinéaste entrain de se dépatouillé avec son propre objet filmique, puisque Jennifer Lawrence a décidément bon dos. Le délire fonctionne à plein. D'ailleurs, et dès les première séquence, aucune raison de s'en cacher: la maison est au milieu de nulle part, littéralement. Quelque chose cloche pour le touriste cinéphile venu visiter le dernier monument du cinéaste New-yorkais qui, il faut bien se l'avouer, sait attirer le chalands.


On peut lire partout, et avec la jubilité dérisoire habituelle, ici et là, dans la presse papier ou numérique, que le film fait sensation, qu'il divise son public entre détracteur et pro-Arronofsky. En fait il n'en est rien, puisque chacun peut y trouver midi à sa porte. Le conflit est purement artificiel puisque le film veut à tout prix s'adresser à tout le monde. A la fin, malheureusement pour lui, il ne s'adresse plus personne.


Reste l'actrice, en tension continue, monstre d'incrédulité. Et ce final, tout en accélération, qui arrive pendant un moment, complètement fou, à capturer l'essence d'un rêve (ou d'un cauchemar plutôt) fait la nuit et duquel il nous reste quelques birbes le matin au réveil, avant que celui-ci ne disparaisse à jamais de notre mémoire. Pour cet instant, et cet instant seulement, le film vaut donc son coup d’œil curieux.


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le 23 nov. 2018

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