La chute du faucon blond

Tous les James Bond de Daniel Craig ont essayé de réfléchir sur le personnage, que ce soit dans l'écriture ou dans la mise en scène. Cet ultime opus pousse la déconstruction encore plus loin que ne le faisait Skyfall, à tel point qu'on se demande si Bond est encore Bond. En effet, les bonnes idées du film passent leur temps à s'entrechoquer avec l'inévitable cahier des charges (précis) de la franchise. On notera par exemple l'antagoniste douloureusement interprété par un Rami Malek en roue libre, cependant rattrapé par une Léa Seydoux qui commence enfin à interpréter (remember Spectre) et un Craig plus crépusculaire que jamais. Il faut dire aussi que le film a la douloureuse tâche d'être autosuffisant tout en bouclant le fil rouge des quatre opus précédents, une mission qu'il accomplit plutôt bien, en dépit d'un ventre mou dans le second acte. Mais ces défauts (importants il est vrai) s'oublient face à la force du film, une mise en scène ravageuse des scènes d'action, une double introduction qui surpasse même celle de Spectre, et une conclusion qui, à n'en pas douter, termine à merveille l'ère Craig et, je l'espère sans y croire une seconde, la saga James Bond, qui touche ici, à mon avis, ses dernières extrémités.