Bond the 6th Vs Elisabeth II

James et moi, c’est une très longue histoire. À deux ou trois exceptions, je les ai tous vus. Un bel héritage de masculinité toxique. Mais bon, le Daniel Craig, lui, c’est un sensible. Il ne serait pas emmerdé tout le temps par des Italiens fringués comme des supporters de foot, il se servirait un thé, réfléchirait à sa vie et verserait sa petite larme.

Voir revenir Léa Seydoux, je n’étais pas trop chaud. Ce n’est pas contre elle, c’est juste que Spectre m’avait particulièrement énervé. Un retour dans le passé où il suffit de tirer sur un mur ou une usine pour que tout se mette à exploser.

Dans Mourir peut attendre, on revient à l’artisanal, le vrai, celui de Casino royal, avec de la tatane et du bris de verre. Et surtout, surtout, quand on a un Christoph Waltz comme méchant, on l’exploite bien. Sam Mendes en avait fait n’importe quoi dans Spectre. Cary Joji Fukunaga, lui a su en faire quelque chose de bien, de fort, même si ça ne dure pas longtemps. À tel point que la meilleure prestation de Rami Malek est celle où il porte un masque. Éclipse le bonhomme. Léa, je ne suis pas encore convaincu par ses talents, mais au moins son personnage est cohérent, contrairement à Spectre (vous aurez compris que je ne l’ai pas aimé celui-ci).

Dans l’ensemble, on est plutôt dans nos pantoufles, avec de la castagne, des voyages dans le monde, des gadgets, de jolies filles (mais pas potiches parce que 2022 tout de même), du placement de produit et un reliquat de Guerre Froide. Après, il y a les fulgurances : un James Bond vieillissant et limite fragile (il doit écouter du Adèle en cachette), une nouvelle 007 même si trop sidekick et pas assez fouillée, une Ana de Armas très sympathique (info bonus : elle va bientôt incarner Marilyn Monroe dans Blonde)… Et la mise en scène de Cary Joji Fukunaga (info bonus bonus : il devrait adapter le comics Tokyo Ghost) est non seulement efficace, mais elle offre de très beaux plans avec des jeux de lumière qui pourront rappeler l’excellent travail de Sam Mendes sur Skyfall (ce qui rend d’autant plus douloureuse l’expérience de Spectre).

C’est censé être le dernier James Bond avec Daniel Craig. Un beau final pour un acteur qui a donné un nouveau souffle à l’agent au service de sa Majesté. Vous remarquerez au passage que six acteurs ont porté le costume de 007 alors que Babeth II est toujours là (aka « La reine ne meurt jamais, Charles peut toujours attendre »).