*"-Était-ce réel?


-Bien sûr sinon ça ne vaudrait rien"*


Ce film est une adaptation du roman de Mitch Cullin Les Abeilles de monsieur Holmes (publié en 2005), lui même adapté de la célèbre œuvre de Conan Doyle.
Certes Sherlock Holmes est le personnage principal et pourtant n'importe quel quidam aurait fait l'affaire puisque le grand détective sert de prétexte pour aborder la question de la Sénilité.
C'est donc avec effroi que nous découvrons Ian Mckellen plus convainquant que jamais dans son rôle de vieillard en proie aux affres de la vieillesse. Le jeu est saisissant, l'effet est déroutant.


Les enquêtes sont effleurées du bout des doigts, toute juste des excuses pour justifier le choix de Holmes. Elles sont autant de souvenirs, de brumes insaisissables dans la lutte de Sherlock contre l'Oubli. Et sur ce point l'idée est judicieuse. Qui de plus emblématique que Sherlock Holmes, être supérieur quasiment dénué de sentiment qui ne vit que pour l'intellect, pour symboliser et mettre en exergue le sentiment de Solitude et de Désarroi que ressent tout être humain quand son esprit l'abandonne.


N'attendez donc pas une fiction dans laquelle le brillant retraité triompherait une énième fois du crime. Tout est dit très tôt :


"-Était-ce réel?
-Bien sûr sinon ça ne vaudrait rien"


Pas de fiction ici mais des choses bien réelles: la Vieillesse, la Solitude, la Mort, l'Amour ...


Le film est riche en cela qu'il nous confronte aux horreurs que beaucoup, pour ne pas dire chacun, de nous devra ou a déjà affrontées.
Holmes vieux marins se perd dans les tourbillons de son esprit, la gouvernante a tout perdu et se dévoue au bien-être de son fils, et le jeune Roger, apparaît comme une lueur d'espoir dans ce triste tableau.
L'écrasante Solitude étant soulignée par des décors contemplatifs et par des musiques calmes.


On comprend que Roger est l'élément clef qui redonne des forces au vieillard. La mère en revanche incarne à merveille la Raison et la Réalité, essayant de protéger son fils de son attachement à un moribond.


Ainsi, plus le film passe, plus le déclin de l'intellect de Holmes cède la place à des sentiments assez incongrus pour le personnage. La dernière scène, où ce dernier vire dans le mysticisme à fini de m'achever.


Alors ce film est bon mais non.
Bien que je comprenne le choix je refuse que mon idole vieillisse. Je refuse que la réalité le mutile au point de le changer radicalement. Je refuse qu'une chose aussi vile et commune que la Vieillesse ne le salisse.
Il y a des choses sacrées, immuables et Sherlock Holmes en fait parti.


Si le film portait un autre titre, s'il mettait en scène un autre détective, s'il ne m'avait pas fait miroité la promesse d'un nouveau cas à résoudre je lui aurait mis un bien meilleure note.
Mais là non!

Chocodzilla
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le 19 nov. 2016

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Chocodzilla

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