Je suis bien embêté. Je vais devoir me résoudre à dire comme tout le monde, que c'est un véritable chef-d'oeuvre. Ce qui m'énerve d'autant plus que c'est le quasi unique Lynch que tout le monde ou presque connait.
Du moins, après avoir vu ça pour la première fois, à travers un prisme analytique que j'ai évidemment complètement perdu dans la dernière partie du film, il apparaît inévitable que Mulholland Dr est une réussite absolue.


Peut être parce que son élaboration a été atypique (d'abord un pilote de série, rattrapé par Studio Canal pour un long), que son réalisateur, à l'aube du 21e siècle a décidé de pondre un film "palier"... En tout cas il se dégage une telle richesse par plan que ça en vient carrément à faire de l'ombre à ses autres excellents films "urbains" (Lost Highway, Blue Velvet). Encore plus qu'une fois terminé on doit délicieusement se résoudre à recoller les morceaux de rêve.


Je pourrais me palucher des heures, devant la sublime esthétique à grand renfort de photographie étincelante, la distribution en osmose totale avec l'oeuvre, la musique là où il faut, quand il faut, les personnages géniaux, les protubérances mammaires de Laura Harring... Mais ce serait passer à côté d'un reproche majeur qu'on peut aisément lui faire.

La difficulté d'accès, l'hermétisme qui encore plus mais d'une façon différente que son premier délirium -EraserHead- a du assurément faire ressortir la majorité des spectateurs remplis d'incompréhension tout autant que de fascination. Le film est complexe, son découpage qui paraît chronologique d'abord, ne l'est pas du tout ensuite, et il y a trop d'information concentré sur la dernière partie, ce qui prend complètement de court l'observateur lambda. Qui reçoit alors une cascade d'évènements qu'il doit vite recomposer au risque de perdre le fil.. Et il est souvent trop tard.
Ainsi on est dans le brouillard, collant et opaque jusqu'à la susurration finale qui sonne en même temps, l'ultime coup de pinceau qui parachève une oeuvre inouïe et le dernier coup de sabre dans votre cerveau à l'origine d'une pensée évidente "j'ai RIEN compris".
Commence alors les revisionnages, les discussions, les lectures.. Pour atteindre un espèce de nirvana cinémato-artistico-mystique.


Bref film passionnant, magnétique, labyrinthique qui une fois démêlé est d'une effrayante intelligence mais qui est, peut être à cause de la limite de pellicule, de sa création pas très conventionnelle, franchement difficile à réceptionner. Enfin c'est bien le sel des chefs d'oeuvre après tout, d'y trouver une abyssale profondeur et de parvenir à les apprivoiser dans leur entièreté après des heures de domptage mental.


"A love story in the city of dreams" disait David, ah ah ah ah ce type est dieu et nous sommes ses fidèles.

Hellzed
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le 7 nov. 2012

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