Si vous avez déjà entendu parler de ce film, vous n'avez pas pu passer à côté des comparaisons avec Misery, ce thriller venu d'Espagne, produit par le toujours intéressant Álex de la Iglesia, reprend en effet le concept d'une personne en détresse cloîtrée dans une maison sordide, mais parvient également à développer une certaine trame de fond qui lui est propre, avec des thèmes majeurs, comme les liens familiaux et les traumatismes enfouis dans la mémoire.


Parlons un peu du synopsis; Situé dans le courant des années 1950, le film centre son intrigue autour de Montse (Macarena Gomez) qui vit avec sa sœur cadette Hermana (Nadia de Santiago), qui vient d'avoir 18 ans, leur histoire familiale est des plus morbides: Leur mère est morte durant leur enfance, et leur père est parti peu après ses funérailles. Depuis lors, Montse souffre d'agoraphobie invalidante, à un tel point que poser un pied de l'autre côté de la porte de leur appartement peut la rendre littéralement folle. Hermana, d'autre part, a des envies de romance et désire par-dessus tout démanteler les contraintes dominatrices que sa vieille fille de sœur a créé.


Le scénario vous a peut-être déjà mis la puce à l'oreille: On est clairement dans un huis-clos qui repose en grande partie sur la performance de ses acteurs, et pour le coup, c'est réussi! Macarena Gómez porte littéralement le film sur ses épaules. Sa performance de monstre agoraphobe exalté par la religion est magnifique et parfaitement crédible. A travers ses envolées de rage furieuses elle transforme la délicate et fragile jeune femme en un monstre violent et imprévisible. Nadia de Santiago, dans le rôle de sa sœur, ainsi que l'excellent Luis Tosar (vu notamment dans "Malveillance" de Jaume Balaguero) complètent le jeu de Gómez en une formidable osmose. En somme, une grande partie de l'expérience qu'est ce film provient uniquement de l'effet sensationnel produit par ces acteurs au sommet de leur art.


Le film est complété par une trame de fond sur le personnage principal, dont je ne parlerai pas plus que ça, pour éviter de révéler quoi que ce soit sur un scénario aussi intéressant, mais la façon dont l'ensemble du récit se déroule sous nos yeux est à la fois choquante, touchante, et cruelle. Du début à la fin, les détails de l'histoire captivent l'attention du spectateur, nous plongeant dans un suspense d'une sauvagerie incroyable baignant dans une atmosphère suffocante qui nous étouffe sans relâcher son étreinte jusqu'à la dernière seconde de la scène finale.


Il est à noter, qu'en plus d'une trame scénaristique accomplie, le film se voit gratifié d'effets spéciaux de qualité, toujours important dans un bon film d'horreur, particulièrement dans un film traitant d'agoraphobie d'une manière aussi organique, et ce film n'en est clairement pas avare, pour notre plus grand bonheur.


Pour le coup, les deux réalisateurs, Juan Fernando Andrés et Esteban Roel étonnent de par la maîtrise de leur sujet, de l'imagerie brutale à la profondeur de caractère des personnages. Il est presque difficile de se dire que ceci est leur premier long-métrage. Tant il est bien conçu et joué.


En somme, ce Musarañas nous propose un récit halluciné, plongé dans une imagerie à la forme exceptionnelle remplie de thèmes universels et multidimensionnels, tous liés à l'enfance, aux détails cruels du passé, et présente à côté de cela une sensibilité touchante et plutôt étonnante, pour un drame aussi fascinant et sinistre.


Un film à voir!

Schwitz
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Créée

le 13 oct. 2016

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Schwitz

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