Serais-je donc un ignoble félon, moi qui n'ai éprouvé rien que de très banal au cours de mon visionnage? Il appert pourtant évident que le propos tenu en ce film comporte nombre d'éléments tragiques, ne pouvant à l'évidence qu'amener le spectateur à s'y complaire ; car les plans, souvent rivés aux visages – avec le concours d'éclairages moult bien assurés –, transmettent une sensation de carcan dont l'oppression, immanquablement, se retrouve embellie par les situations de sororité salutaire, ces corps baignés de soleil alors qu'il leur cuit de s'enfuir. La proposition, en somme, m'eût aisément plu si la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven s'en était tenue à une transcription sans fioritures de cette ambiance étrange, pernicieuse, qu'exhale la communauté isolée contre son gré ; au lieu de quoi l'on assiste non point à l'exploration du sujet, mais bien à sa narration. Dans cette optique, il convient – ou plutôt, il est impératif – que les protagonistes subissent un cheminement vers quelque part, même lorsque leur initiale condition ne suppose qu'une bonasse stagnation : ainsi reproché-je à l’œuvre, comme à d'autres encore pires en la matière, son obsession poussée à bout pour l'intrigue frénétique, laquelle fait péricliter toutes velléités d'humanité insufflée au personnage en reléguant ce dernier au titre d'outil servant à lustrer l'engrenage du récit. Mais, évidemment, comme un connard d'écrivaillon improvisé analyste, je charrie. Parce qu'en dépit de ce côté thriller au demeurant ceint d'une forme scolaire, Mustang regorge de scènes vraies, en sorte que l'on en vient à ignorer les avenues condamnées qui, à l'envi, ornent sa trame, pour apprécier à leur juste valeur ces moments d'enfance que l'on a entravée.
Un long-métrage digne, quoique un brin trop convenu à mon goût.