Mélodie pop acide d’une sensibilité flamboyante, requiem d’orgues, des levées, des saillies, secousses électriques qui rompent sans effort, qui déboulonnent, au bord d’un précipice multicolore comme un arc-en-ciel amène, en équilibre sur le revers vertical de l’amour ; c’est un ange pailleté au-dessus des horreurs d’une jeunesse en mille morceaux, malaxée, exténuée, dispersée dans les bras des hommes pour un peu d’amour, des ébats qui blessent, qui ne cessent, des baisers à la pelle, et le roulis des hanches à n’en plus finir, pire encore dans le noir des marécages, là où les grands méchants loups s’échinaient à saute-mouton sur le dos fragile des libellules.

Les étoiles, sidérées, pleuraient sur les ravages d’une enfance à frasques, démolie à coups de poings comme des i, deux gamins noués par les échos d’une guitare triste, des pertes de repères, corps isolés de désirs sombres et acrobates, s’oubliant dans une symphonie de sens en bazar ou un quelque part sans salut, sans mémoire, sans rêve… Deux innocences crevées, et les ravages comme un déluge inéluctable, inexcusable, l’amour dissipé, accaparé, allures à l’air amer, guerres promises, arrachement tacite à la terre, à la boue, cette syncope…

Tout ce lyrisme sucré contre la barbarie d’une hémorragie brûlante, l’abomination d’un désir inouï, cru, indéfendable, et l’impudeur bouleversante face à un avenir qui disparaît, se recroqueville, et ne laisse que les fragrances acidulées d’étreintes suppliantes, assourdissantes comme un cri à l’aide, et ne lasse qu’avec des moments fragmentés, retournés, et des douleurs s’époumonant sur l’épouvante du monde, magma de blessures, de cauchemars et de désenchantements… Autour d’eux, des remparts infranchissables s’étaient formés, hauts jusqu’à une exagération qui dépasse, et la tendresse, la vérité, pour seules parades envisageables à la propitiation des hommes.
mymp
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films LGBTI+ et Les meilleurs films des années 2000

Créée

le 27 nov. 2012

Critique lue 564 fois

7 j'aime

1 commentaire

mymp

Écrit par

Critique lue 564 fois

7
1

D'autres avis sur Mysterious Skin

Mysterious Skin
Mr_Cooper
10

E.T. won't come back.

Il était une fois deux enfants dont les vies furent brisées. Cela se passa pendant un été. Un curieux homme était entré dans leurs vies et en ressortit non sans dommages. Le premier enfant oublia et...

le 31 oct. 2010

116 j'aime

1

Mysterious Skin
Kliban
9

Une figure du mal

J'avais posté l'article suivant, à l'époque - ça peut être repris ici : En allant voir le dernier Araki, je m'attendais à être troublé. Je n'y ai rien appris que je ne savais déjà, ni sur moi, ni sur...

le 25 sept. 2010

104 j'aime

5

Mysterious Skin
Sergent_Pepper
7

Celui qui croyait au fiel, celui qui n’y croyait pas.

Pour qui connait un peu l’univers de Greg Araki, les couleurs acidulées qui ouvrent son film ne sont guère surprenantes : elles renvoient à cet univers adolescent et kitsch qu’il a l’habitude de...

le 2 oct. 2015

91 j'aime

28

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

179 j'aime

3

Killers of the Flower Moon
mymp
4

Osage, ô désespoir

Un livre d’abord. Un best-seller même. Celui de David Grann (La note américaine) qui, au fil de plus de 400 pages, revient sur les assassinats de masse perpétrés contre les Indiens Osages au début...

Par

le 23 oct. 2023

164 j'aime

13

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

161 j'aime

25