Savoureux second rôle de La nuit au musée, Ricky Gervais prend ici la caméra pour nous livrer un récit qu’il a contribué à écrire. Le postulat de départ, très astucieux, est largement développé dans une première partie réjouissante, qui décrit un monde où personne ne ment, le serveur avouant sans scrupules avoir goûté à la boisson qu’il sert, l’amie vous disant que votre bébé ressemble à un singe, etc… Malgré quelques inutiles vulgarités, c’est très amusant, et encore plus quand Mark essaye d’expliquer le mensonge à des gens qui n’ont aucune base leur permettant de comprendre un tel concept.
Malheureusement, la deuxième partie du film retombe complètement, se résumant à une critique un peu trop prévisible de la religion, à partir du moment où Mark dit à sa mère qui va mourir qu'elle part juste pour un au-delà meilleur, ce qui est un mensonge, mais personne ne s'en doutant, la nouvelle fait le tour du monde, et Mark est transformé en nouveau Messie qui prêche la Bonne Nouvelle à une foule un peu trop crédule. Même si la dénonciation de la séduction des foules par la parole peut séduire, l'humour diminue sensiblement, de même que le rythme. Il faut tout de même reconnaître que la critique faite par Ricky Gervais est plutôt construite et relativement intelligente, mais sa tentative de montrer que la religion est inutile et totalement vaine ne débouche nulle part. Et sa démarche apparaît tout de même assez incohérente quand on voit qu'il essaye de nous montrer le caractère insupportable d'un monde dénué de toute compassion, générosité et de toute charité, 3 qualités qui sont tout de même les bases de la religion chrétienne apparemment visée par Gervais... Ce qui fait que sa critique tourne souvent dans le vide, même si elle n'en fait pas moins réfléchir.
On pourra quand même regarder avec un certain plaisir cette comédie assez intelligente sous ses dehors potaches, mais qui finit par tourner en rond, sans parvenir à s’empêcher de penser au chef-d’œuvre qu’un Frank Capra aurait pu en tirer.