Nausicaa de la vallée du vent est un film complexe, assez brut de décoffrage tant dans sa narration que dans sa forme.J'ai un peu de mal à émettre un jugement dessus, n'ayant pas lu le manga dont j'imagine le film est l'adaptation.
On retrouve déjà la thématique de la nature chère à Miyazaki : on se situe clairement dans un monde post-apocalyptique où la race humaine, victime de ses propres erreurs, est marginalisée par des hordes d'insectes géants et par la pollution. Il y a des morts, et même un peu de gore (la décomposition du guerrier géant), avec une esthétique qui rappelle évidemment Moebius.
L'animation a un peu vieilli et le design des personnages a un côté arrondi, gourd, voire boudiné. Le design des avions, très Metal Hurlant, est très chouette. C'est sans doute un film dans lequel Miyazaki s'est beaucoup investi sans déléguer, et ça lui donne un côté un peu laborieux.
La physique est parfois assez étrange, même si l'animation tente des passages volés un peu comme celui, inoubliable, du film Metal Hurlant.
La bande-son est très éclectique : dans les passages contemplatifs, on retrouve l'inévitable Joe Hisaishi, et dans les passages d'action une musique au synthé cheap très années 1980. Il y a aussi une comptine chantée. C'est assez hétérogène.
Le scénario est lent et ne se dévoile que peu à peu : des personnages apparaissent, font des actions sans qu'on comprenne leur motivation jusqu'au moment où ils les révèlent. Les retournements de situation sont nombreux et parfois un peu forcés (les méchants sont vraiment aveuglés par leur ambition). L'impression qui en ressort est celle d'un film qui a voulu adapter tout ce qu'il y avait dans le manga originel, avec les problèmes de rythme que cela peut poser (mais ce n'est qu'une intuition). Disons qu'on sent que le film essaie d'embrasser un univers trop vaste pour lui.
Bon, il faut dire aussi un mot de l'héroïne. Ce n'est pas le personnage féminin le plus fouillé qu'ait créé Miyazaki. Elle évolue, cela dit, d'une attitude de guerrière shônen à une forme de leader détaché et conscient des enjeux de son monde. Mais elle n'a pas grand-chose qui la caractérise, en dehors du fait que c'est quelqu'un de très courageux et d'aimé par les siens.
Je me suis aussi fait la réflexion que ce film avait probablement un sous-texte shintoïste : il est beaucoup question des quatre éléments, mais n'étant pas spécialiste de la question, je laisse ce travail de recherche à d'autres, meilleurs que moi.
Il reste que ce long métrage a un certain charme, d'abord pour ses sensations de vol oniriques et éthérées ; ensuite pour une certaine âpreté morale au fonds plus nette et aiguë que dans le reste de l'oeuvre. Ne faites pas regarder ce film à vos petits, il y a des morts, de la souffrance, de la bêtise et de la cruauté, bref : ça parle de guerre. Il y a clairement une influence de Moebius et Metal hurlant, et au fond cela donne un film âpre mais sans cynisme, du coup ça fait un peu bizarre.
Synopsis
Nausicaa est la princesse d'une petite communauté installée dans une vallée verdoyante, à la marge d'un monde ravagé par la pollution qui a suivi un cataclysme. Elle débusque les cadavres d'énormes insectes, les Ohms, sur lesquels elle semble avoir un pouvoir de suggestion. Un vaisseau gigantesque de Tolmekia, un état guerrier voisin, s'écrase près du village, libérant des spores que les villageois détruisent. Lastel, la princesse d'un village voisin, meurt dans le crash. Tolmekia attaque le village et propose au peuple de se joindre à une offensive contre la mer polluée, mais une vieille explique que cela ne déclenchera qu'une énorme vague d'Ohms enragés. Nausicaa appelle son peuple à se rendre. Elle a cultivé des plantes de la mer polluée avec de l'eau : elles ne sont plus venimeuses.
Nausicaa et quelques amis accompagnent la général de Tolmekia mais ils sont attaqués par un jeune pilote téméraire et s'écrasent dans la mer polluée. Nausicaa sauve le jeune homme, Asbel et tombe sous la mer polluée, dans une forêt pétrifiée où l'air est pur. Le garçon est le frère jumeau de Lastel. Ils sortent et découvrent que la cité d'Asbel, Pejite, a été détruite en se défendant contre Tolmekia et les Ohms.
Des rescapés de Pejite veulent attirer une horde d'Ohms en furie vers la vallée où sont massées les forces de Tomelkia. Ils utilisent pour cela un bébé Ohms, blessé et traîné par une plateforme volante. Nausicaa parvient à en prendre le contrôle. Pendant ce temps, la générale de Tolmekia utilise contre la horde d'Ohms un soldat géant, qui lance des rayons qui déclenchent des explosions atomiques. Mais ce géant est prématuré et se décompose rapidement. Nausicaa dépose le bébé mais meurt bousculée par la horde, qui s'arrête brusquement. Les Ohms conjuguent leurs filaments et la ressuscite, puis repartent. Le vent, qui était tombé dans la vallée, revient, et une forme d'harmonie renaît.