Guillaume Cannet s'essaie brillament au cinéma m'a-t-on raconté, après que des copains aient été le voir à une avant première, ayant applauti à grand bruit le réalisateur, le couvrant d'éloge, j'étais quelque peu surprise par le film. L'histoire est adapté d'un livre de Cohen du même titre que le film. Il s'agit d'un homme qui suite à la découverte d'un mail qui laisserait penser que sa femme morte de façon horrible il y a huit ans serait encore en vie traverse un véritable enfer entre la police et de froid tueurs à gage pour retrouver un fantôme. A première vu il s'agit d'un film à suspence, plutôt un triller.

Si l'on en juge par le casting, le film s'inscrit dès le départ dans la lignée des films français. Et les nombreux aprioris qu'on peut avoir contre le cinéma français devienent malheureusement réalité avec le film. Le réalisateur ou le scénariste suivent une ligne trop bancale qui parfois devient lourde alors qu'un peu de légèreté aurait été de bon goût. Le suspence est souvent brinquebalant, les tueurs à gages ne sont pas vraiment une menace et on finit par savoir ce qui va arriver au héros. Le manque de charme de l'acteur qui à force de courir ne nous donne plus envie de le suivre, le manque de peps au niveau réalisation trop cruel abatt sans pitié le spectateur tandis que le suspence semble disparaître trop vite. Le seul plaisir que j'ai trouvé à un tel casting était la voix mielleuse de Dusolier qui pour le coup offre un véritable bol d'air frais, malheureusement, mal placé dans le film. Guillaume Cannet serait-il trop influencé par les autres films français?

A l'intérieur de l'histoire de suspence s'inscrit une histoire d'amour entre la femme disparue qui revient étrangement à la réaparition de deux corps et son époux qui se languit d'elle depuis sa "mort". La bonne idée scénaristique de suivre sensuellement le regard de l'époux qui se souvient des hanches en mouvement de sa femme, de ses épaules dénudés donne un peu de rythme au film, et les flash-back un peu débousolant nous laisse un étrange sentiment de bien-être. Malheureusement ce sentiment est mal exploité par le réalisateur qui n'en profite par pour nous plonger aussitôt après dans le stress du suspence. Autre bonne idée, les souvenirs fugace des enfants s'entrelaçant sur le ponton avec une luminosité incroyable. Les enfants sont véritablement une présence pesant sur les personnages principaux et à la fois en dehors de la ligne narrative, ils apportent un élément étranger bienvenu.

La lumière joue un rôle très important dans l'histoire, car elle donne les sentiments de sécurité ou de stress mais également marque les flash-back du moment présent. Autour du lac, la lumière est toujours très douce et chaude, on se laisse bercer par elle comme par une douce musique, l'ambiance est alors rassurante et on oublie un peu le noeud de l'histoire. En revenche, la lumière froide et éblouissante des rues de rambouillet est excellente, instalant un élément stressant en plus pour le spectateur, ainsi que l'utilisation des néons en intérieur. Les décors sont assez judicieusement utiliser bien que l'ominiprésence de 4x4 noir et gris finit par laisser un arrière goût de publicité automobile. Enfin la musique qui est jouée par M donne bien les nuances tristes et mélancolique pour l'histoire d'amour plongeant dans la sobriété recherchée par Cannet, en revanche la montée de stress est nettement amoindrie et finalement c'est la musique qui accorde plus d'importance à l'histoire d'amour qu'au suspence plus que les images.

Enfin, parlons un peu de l'intrigue, outre la course-poursuite assez finement jouée mais pas tant que ça car si on en juge par la prestation du héros, il pourrait concourir au marraton, hors aucun indice nous laisse penser que c'est un sportif régulier, les tueurs à gage manque sérieusement de réalisme. Certe la grande brune a une façon très humble et belle de succomber mais les hommes ne sont pas du tout efficase et on n'a pas vraiment peur. Les flics manquent aussi de réalisme, parfois trop intelligent, comme de par hasard ils devinent tout comme des grands, parfois trop bête pour perdre un homme aussi facilement, mais le plus curieux est la façon dont l'histoire est résolu, tout cela sent trop le happy end baclé. Enfin, la belle brune qui déclanche l'histoire manque sérieusement de charisme, et à la fin finit par nous énerver. Je comparais le film à Anthony Zimmer, et je trouve que le film bien que offrant des personnages plus complexe, manque comme Zimmer du peps qu'on les trillers américains. Le cinéma Français a encore beaucoup à apprendre si l'on en juge par ce film.

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le 13 déc. 2010

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Sophia

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