Panda agile est une bête en arts martiaux, il est ceinture noire de karaté, de judo et de kendo, sans oublier bien sûr son septième dan d'aïkido. C'est le premier occidental à avoir ouvert un dojo au Japon et certains fous furieux le prennent même pour la réincarnation d'un grand lama tibétain.


Alors bien sûr, aujourd'hui, Panda agile est un vieux type obèse qui poursuit les voleurs à la tire de Louisiane en grattant de la guitare, mais n'oublions pas qu'en 1988 il avait une trentaine avancée bien conservée, un corps svelte, une nuque longue mais pas encore de catogan et qu'il était encore capable de casser des bras et des jambes sans se faire un tour de rein...


En 1988, Panda agile en a marre de ses écoles, au Japon ou ailleurs, il a installé la dernière à Hollywood, il supervise même quelques combats pour un James Bond, mais il s'emmerde, Panda agile veut lui aussi avoir le droit de briser des fémurs en toute liberté et, bizarrement, personne ne va essayer de l'en empêcher...


Avec Andrew Davis, tâcheron complet qui vient de commettre un Chuck Norris, il pond une petite histoire qu'ils vont produire eux-mêmes et la légende prend d'emblée son envol.


Le pire c'est que ce film est rempli de types qui feront presque carrière : Sharon Stone en épouse parfaitement ennuyeuse, Pam Grier dont les grandes années sont déjà derrière elle, Panda agile qui se verra offrir par la Warner un contrat pour dix films dans la foulée, et même Andrew Davis qui sera à l'origine du plus gros succès de Panda agile quatre ans plus tard : Piège en haute mer et connaîtra la gloire internationale l'année qui suivra avec un gros blockbuster d'un tout autre niveau : Le Fugitif.


Je dis le pire parce que tout de même, soyons francs, le film est affreusement mauvais. De cette histoire mille fois rabâchée du flic incorruptible aux méthodes expéditives qui affronte le front haut et sans sourciller les maffieux de Chicago, ses supérieurs, le F.B.I. et la très méchante C.I.A. dans un complot trivial à base de trafic de drogue, finalement, la seule chose à sauver, c'est la création du personnage de Panda agile qu'il reprendra ensuite consciencieusement dans chacun des navets qui suivront... Et oui, aussi improbable que cela paraisse, le bougre assure presque en brute impitoyable au grand cœur, belle prestance, petite voix douce en joli décalage, visage improbable, mais pas encore bouffi, jeux d'acteur médiocre mais aisance à la castagne... M'enfin, je m'attendais à pire... Dommage par contre qu'il passe plus de temps à utiliser son flingue que ses bras, parce que les fusillades, c'est pas vraiment ça et puis, nous, on veut qu'il brise du membre, c'est plus sympa que de le voir assister à la messe.


Autant le début est sympa, avec une utilisation habile du passé de Panda agile, autant la fin est éprouvante... Devant ce discours moraliste critiquant vertement les abus de la C.I.A., on reste rêveur... Ce type qui vient d'abattre à bout portant un homme désarmé, est-ce bien le même personnage qui nous explique au final que nul ne doit être au-dessus des lois dans un pensum grotesque qui frise le surréalisme ? Se prendraient-ils finalement plus au sérieux avec ce film que la raison ne peut le tolérer ? Impossible, voyons, personne ne pourrait aller jusque là... Et puis on se souvient que plus tard, dans un autre de ses chef d'œuvres qu'il écrira et réalisera lui-même, Panda agile massacrera pendant 1h30 tout ce qu'il y a de vivant à trois cents kilomètres à la ronde sous prétexte de message écologiste et que, après tout, avec ce garçon, tout devient possible...


Hélas pour la Warner, ce joli départ ne tiendra pas la route pendant les dix films prévus, et Panda agile rejoindra bientôt les autres mythes de la castagne 80's que sont Jean-Claude Van Damme et Dolph Lungren dans le purgatoire des direct-to-DVD tournés en Bulgarie occidentale...


Je vous parlerai bientôt d'un de ses derniers « vrais » films : Piège à grande vitesse, la suite du Piège sus-cité... J'aurais bien aimé aujourd'hui, mais ces salauds essaient désespérément de me faire bosser aujourd'hui, et ça risque d'être pour demain...

Torpenn
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le 30 mai 2012

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Torpenn

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