Parfois, la thématique d'un film impose comme une évidence le nom de son réalisateur et hurle à pleins poumons son recrutement, d'autres mains, même bien plus habiles, étant incapables de mieux faire. Tout, dans No Pain No Gain, hurle un nom : Michael Bay. Son style, ses débordements, son "bigger than life" permanent, son mauvais goût vulgaire et son sens de la décadence, tout cela épouse son histoire hallucinatoire mais vraie, ses ressorts scénaristiques improbables, ses personnages totalement à la masse et leur fuite en avant pour enfiler le brillant costume promis par le rêve américain.

Ce beau vêtement clinquant et flashy, Bay le retourne sauvagement pour en filmer chaque défaut de fabrication, chaque fil mal coupé, chaque reprise faite à l'a peu près ainsi que toutes les coutures retouchées sur le point de craquer, tant le suivi de ce mode de vie et les aspirations qui en découlent peuvent parfois être sans issue et déshumanisants. Non pas que Michael Bay se soit transformé subitement en auteur. Pire, il ne fait aucun effort pour coller au sujet, tellement il lui va comme un gant, comme ces gamins énervants qui, feignants comme des couleuvres, se reposent sur des capacités à peine exploitées pour réussir en classe. Il recycle même tous ses tics de mise en scène et des pans entiers de sa filmographie, n'hésitant pas à s'auto citer. Mais ce qui fait hurler les puristes dans ses autres films marche au poil pour illustrer ce sujet précis, tant il est adéquat pour restituer le parcours et les basses aspirations de ces trois bras cassés incarnés par Mark Wahlberg, The Rock et Anthony Mackie.

Plus qu'une adéquation ou une rencontre entre le style de Michael Bay et une histoire, No Pain No Gain est une communion de mauvais goût qui tâche, mais tellement appropriée à ce qu'il veut raconter qu'il en devient, malgré quelques longueurs, un film somme, le meilleur de son réalisateur.
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le 17 janv. 2015

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