Nous sommes en 1949 dans un monde encore en reconstruction lorsque Robert Hamer réalise Noblesse Oblige (le titre français est particulièrement pertinent pour une fois). C'est l'histoire de la vengeance d'un noble dont la mère a été repoussée par sa famille pour une mésalliance et qui est morte dans la misère. Il va tout faire pour éliminer l'ensemble de la famille d'Ascoyne afin de devenir l'unique héritier. Autrement dit, c'est une histoire a priori très sombre mais qui se déroule dans une atmosphère très légère, l'humour noir désamorçant la gravité du récit.
On peut ne pas être sensible à l'humour et trouver que la voix monotone qui raconte l'histoire, sous la forme d'un immense flash back, est un peu soporifique. Mais la critique de l'aristocratie méprisante et enfermée dans ses certitudes est particulièrement réussie. L'ancien monde doit laisser la place au nouveau. Le héros est un Mazzini, à moitié italien, pas un d'Ascoyne . Il a les bonnes manières apparentes mais une détermination sans faille, un visage d'ange la plupart du temps, mais qui se ferme dans les moments où il révèle à ses futures victimes ce qui le pousse à agir ainsi.
J'ai cependant regretté que certains meurtres soient un peu expédiées. Il est vrai qu'Alec Guiness jouant les huit rôles des d'Ascoyne avait déjà fort à faire pour incarner ces nobles presque tous antipathiques. Il y avait peut être un meilleur rythme à trouver dans ce domaine entre les moments d'attente et l'exécution du plan.
Ceci dit tout est savoureux jusque dans les dernières secondes du film qui nous réservent un ultime rebondissement.
Si vous vous demandez le sens du titre de cette critique, la fin vous le dévoilera ...
Un excellent divertissement à savourer naturellement en VO, noblesse oblige.