Je commencerai pas dire que je ne pourrais plus jamais écouter cette musique de la même manière : https://www.youtube.com/watch?v=0r5Xn1x9npE



Paris brûle-t-il ?



Impossible de ne pas connaitre Bertrand Bonello qui avait fait sensation en 2014 avec son Saint Laurent, toute fois le seul film que j'avais vu du monsieur jusqu'à présent c’était L'Apollonide, souvenirs de la maison close, c'est d'ailleurs pendant le tournage de ce film qu'il a eu l'idée de Nocturama.
Deuxième impossibilité, celle de ne pas être curieux vis à vis de ce nouveau film quand on a visionné la bande annonce, qui ne nous apprend rien sur l'histoire et nous laisse dans le vague, hormis l'idée d'un attentat on ne pouvait pas se douter de la tournure du film.


La curiosité et il faut bien le dire l'envie m'ont poussé à aller voir ce film qui est selon moi à voir en salle absolument, que ce soit pour l'immersion ou la bande son nocturne et vibrante qui nous happent encore plus dans le métrage.
Nocturama, quel drôle de titre, emprunté à un des albums de Nick Cave après les attentats de Paris en 2015, en effet à la base il devait se nommer Paris est une fête, entre nous il faut avouer que le titre définitif arrache quand même bien plus, puis sa définition colle parfaitement à l'histoire. Pour ce qui est de l'histoire donc, on ne peut plus simple, un groupe de jeunes attaquent plusieurs symboles importants de Paris à la bombe et se réfugient ensuite dans un immense centre commercial.
Avec un tel sujet difficile d'éviter des censures dans certains cinémas, mais il faut rester précis sur un point, ce film ne se veut en aucun cas tiré d'une histoire vraie ou truc du genre, le parallèle avec ce qui est arrivé en France est imparable bien sûr mais il ne faut pas tout confondre non plus. Bonello nous sort là au culot un film qui ose, là où certains auraient mis en scène le GIGN tentant de trouver les terroristes, ici c'est l'opposé complet.
Il nous immerge dès l'ouverture dans le métro et rues de Paris afin de nous faire suivre ce groupe animé par des convictions et un but qu'on ne connaîtra pas clairement et nous n'avons pas spécialement besoin de le connaitre. On s'attache donc à ces personnages que je pourrais quasiment appeler des "personnes" vu à quel point la direction d'acteur et la mise en scène sont pointilleuses.



Saints leurrant



Bonello qui passe pour la première fois à la caméra numérique pour s'approcher au plus près du réel, de l'époque, bluffe pas sa réalisation mouvante qui dispose de cet aspect de flottement, comme si la caméra planait sans jamais se ressentir. Il magnifie cette journée cauchemardesque avec un tel degré de maîtrise, que ce soit dans les choix des décors, des couleurs, des situations, des dialogues, assez restreints d'ailleurs, il crédibilise le tout pour nous fasciner sans ennuyer avec un vulgaire film sur les attentats.
En plus d'une réalisation qu'on lui reconnait souvent fabuleuse il nous régal et c'est peu dire d'une bande originale qu'il a composé lui-même, faut-il encore le gratifier le mec ? Bon sang dès le premier thème quand le titre apparaît, cette puissance vibrante qui monte dans tout le corps, cette tension qui donne d'un côté envie de bouger mais qui te colle au siège... Il utilise également quelques morceaux déjà existants pour coller au réalisme et à certaines situations, la plus marquante restera celle du générique d'Amicalement Votre, un sommet du culte que je ne verrais plus jamais comme appartenant à cette série.
Au-delà de tout cet aspect technique renversant nous devons tout de même causer du casting, ceux qui interprètent ces fameux terroristes passé ennemis d'état. Entre acteurs ayant déjà mis les pieds sur un plateau de cinéma comme Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani, Manal Issa, Martin Petit-Guyot ou encore Rabah Naït Oufella, et ceux qui y arrivent seulement, Jamil McCraven, Laure Valentinelli (p'tit coup de cœur pour elle), Ilias Le Doré, Robin Goldbronn. Ce bon vieux Luis Régo se glisse dans un petit rôle, ça fait plaisir de le revoir, dire que je le croyais mort... Il est accompagné de Hermine Karagheuz. Pour finir, un petit caméo bien sympa de Adèle Haenel qui était déjà sur L'Apollonide, à son propos je cite : "il a eu envie de la faire apparaître dans son film car il était sûr que si un événement du même genre arrivait à Paris, Adèle prendrait son vélo et irait voir ce qu'il se passe sur le terrain."
Un casting quasiment bourré d'amateurs, ce qui a visiblement apporté beaucoup au réalisateur et qui apporte énormément au film.


En bref, Nocturama qu'on pourrait aussi bazarder en Noctudrama me trotte encore dans la tête grâce à sa puissance visuelle et narrative, son coté docu-fiction maîtrisé à merveille, ses plans séquences, son montage habile avec différents points de vues, son sujet culotté qui ne tombe jamais dans la facilité, sa bande son jouissive, ce dernier plan ultra puissant qui précède un générique classe, et je pourrais en dire encore mais en attendant j'ai déjà envie de le revoir.


Le Bertrand nous a pondu un beau mélo...

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le 20 sept. 2016

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-MC

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