Basé sur le roman « Tony et Susan » d’Austin Wright, »Nocturnal Animals » se déroule en trois temps et lieux distincts. Au centre se trouve Susan (Amy Adams), qui vit une crise de la quarantaine et qui commence à réaliser que sa relation avec son beau jeune mari (Armie Hammer) est morte et vide. Un jour, elle reçoit par la poste un roman écrit par son premier mari, un homme qu’elle a brutalement quitté des années auparavant. Comme elle le lit, l’histoire du roman remplit l’écran. Comme dirait l’expression : “Jusqu’ici tout va bien”. Ce qui rend le film complètement sanglant et traumatisant au possible c’est l’histoire du roman que Amy Adams va lire durant le film en s’apparentant à la fiction. On pourrait, en amont s’imaginait de quoi va parler ce roman, ce n’est malheureusement pas le cas. Il ne dépeint pas un drame de relation lunatique. Il présente plutôt un récit de crimes violents et de vengeance, dans lequel un mari (Jake GyllenhaalJ), son épouse et sa fille adolescente sont pourchassés sur une vieille route du fin fond des Etats Unis par un gang de campagnards dégénérés. On s’arrêtera là pour éviter tous spoilers!
Parlons désormais du film en lui-même, ce qui marque le plus demeure la première scène du film, une espèce de prélude délurée qui suscite chez le téléspectateur un tel malaise qu’il ne peut que rester bloqué sur son siège pour admirer la suite de l’oeuvre. 5 min de danse d’une femme obèse, nue devant un parterre de costards cravates qui dégustent des petits fours sans la regarder, le tout sur un fond musical strident et angoissant. Dès la première scène on remarque donc le goût du réalisateur pour l’esthétisation appuyée. La suite du film n’est qu’une triple dimension où on a du mal à ne pas confondre la fiction et le réel et où TOUS les acteurs sont tout simplement incroyables ( une petite préférence pour Aaron Taylor Johnson qui méritait de loin l’Oscar).
Le film manque d’une certaine grandeur ou complexité, mais la plupart des films en manquent aussi, et le fait même que nous finissions par rechercher les éléments les plus grandioses au fur et à mesure que le film s’use, nous dit à quel point il est fort dans tous les autres domaines. En fin de compte, il y a des complexités dans « Nocturnal Animals« , non pas en termes de conception globale, mais dans les nuances des caractères et dans les détails du son et des images. Ford crée un monde presque aussi répugnant que séduisant, mais il est tout de même séducteur, et de cette façon, il hante l’esprit.

AntoninMiguet
8
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le 26 févr. 2018

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Anto Cash

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