Une chose est sûre, malgré son budget titanesque et les assauts incessants des exécutifs qui auraient pu détruire la vision du cinéaste, NOE ressemble à 200% à un film de Darren Aronofsky. Plus que de spectacle épique et destructeur il s'agit donc ici d'un blockbuster intimiste, où même les séquences du Déluge laissent plus de place à ce qui se passe à l’intérieur de l'Arche qu'au cauchemar extérieur. Rassurez-vous néanmoins, si NOE se concentre sur ses personnages (dont le rôle-tire qui vire bien vite à la folie furieuse jusqu'à évoquer un certain Jack Nicholson dans SHINING), il n'en oublie pas moins d'offrir quelques visions effroyables et tétanisantes. Parmi les plus beaux tableaux du film : une centaine d'individus massés au sommet d'un rocher se faisant broyer face caméra par une vague d'une immensité ahurissante; une gamine se faisant piétiner en plein climax émotionnel par une horde de soldats en plein assaut; un homme échangeant ses deux filles contre un morceau de viande sous le regard horrifié de Russel Crowe... Bref, dans NOE, ça ne rigole pas, et même si le film reste très inégal par moments (la lourdeur de quelques dialogues d'une subtilité discutable est par exemple un véritable problème), Aronofsky nous propose une fresque dont la portée humaniste dépasse aisément son postulat prétendument étouffe-chrétien. A ce titre, un plan-séquence sur les origines du monde mettant en scène le Big Bang est révélateur de la démarche d'un cinéaste qui cherche avant tout à rendre son oeuvre accessible au plus grand nombre tout en conservant ses questionnements habituels. Dans le fond, NOE parle tout autant d’Obsession que des films comme THE FOUNTAIN ou BLACK SWAN, et c'est ça qui fait plaisir à voir.