NOÉ : Aronosfky prend l'eau
The Foutain l'avait déjà démontré, le génie de Darren Aronosfky s'arrête là où commence son ambition. En s'attaquant au projet aussi pharaonique que casse-gueule qu'est Noé, le réalisateur de Black Swan jouait gros. Cela ne rate pas et son incursion biblique frôle souvent le naufrage.
Pourtant le cinéaste tente de mettre le paquet d'entrée de jeu. Images de la genèse, géants de pierre et autres visions apocalyptiques plantent le décor : avec des effets spéciaux volontairement kitsch, Aronofsky tente de s'éloigner de son fardeau religieux pour se focaliser sur l'homme et sur ses motivations. Une bonne idée s'il n'était pas rattrapé bien vite par son sujet, plombant une première heure intéressante en terme de mise en scène, mais d'une pauvreté narrative rare. Quelques plans spectaculaires, comme l'arrivée des animaux dans l'Arche, viennent de temps à autre réveiller un spectateur de plus en plus amorphe. En outre, le traitement réservé à la famille de Noé enchaîne les maladresses et les deux fils se cantonnent à des êtres primaux avides de conquérir les territoires encore vierges de leurs partenaires féminines. Puis vînt la phase du déluge et le retour aux commandes d'Aronosky. Enfin libéré de ses obligations vis-à-vis du « créateur » (pour ne pas le citer), le cinéaste retrouve son talent et livre un drame familial fort servi par un Russell Crowe charismatique et ambiguë à souhait. Des séquences en huit clos poignantes, mais trop tardives pour sauver un public au bord de la noyade. L'épilogue final sous forme de surenchère de pathos finira par mettre fin aux derniers espoirs de sauvetage. À l'image de Noé, Aronosky n'aura été qu'un homme tentant de réaliser un projet bien trop grand pour lui.