Voilà un film qui, malgré la gravité des thèmes qu'il aborde, laisse un bien doux souvenir en tête, comme une empreinte chaude et agréable, assez durable aussi. Chloé Zhao parle de deuil, de crise économique, de misère, d'errance, de ce monde capable de laisser des femmes et des hommes sur les routes, sans rien, après les avoir essorés toute une vie. C'est parfois rude à encaisser, il y a quelques moments difficiles, qui serrent le cœur, nous plaçant, presque à la façon d'un documentaire, en immersion, face à la situation et aux conditions de (sur)vie si difficiles de cette femme, Fern, rendue si vivante par l'interprétation encore irréprochable de Frances McDormand. Une femme de soixante ans passés qui, après avoir tout perdu, travail et mari, décide de vivre sur les routes, dans son van sommairement aménagé, avec deux trois bricoles à peine, allant de petits boulots en petits boulots. Le style naturaliste et le regard attentif, observateur, de Chloé Zhao ne laisse échapper que peu de détails de cette nouvelle existence nomade. Et à la fois, il y a là une douceur précieuse, une délicatesse évidente, une distance juste qui, curieusement, nous réchauffent, nous touchent, et rendent ce film remarquable et différent. A travers la galerie de portraits des personnes rencontrées puis retrouvées en chemin, à travers la succession de belles rencontres faites par Fern, Chloé Zhao nous rappelle, en creux, une évidence. Que nos plus grandes richesses se trouvent chez l'autre, dans la diversité de nos relations, dans la vigueur de nos rapports, dans les liens qui se tissent entre nous. Je sais, c'est peut-être niais, dit comme ça, mais soyez rassuré, Chloé Zhao le fait avec un talent tout autre et l'air de ne pas y toucher. Dans cette période interminable où chacun est appelé à rester à distance, calfeutré chez soi, un tel film fait du bien...lire la suite de la critique.