J’ai entendu parler de Nomadland pour deux raisons très différentes. La première est la plus évidente. Son succès lors de la cérémonie des Oscars a évidemment un projecteur sur ce film à la thématique pas nécessairement grand public. La seconde est indirecte. Grand adepte du MCU, j’ai appris que la réalisatrice du futur Les éternels avait également à son actif Nomadland.
J’avais trouvé la bande-annonce intéressante. Les personnages avaient l’air attachants et leurs destins éveillaient ma curiosité. De plus, le dépaysement était attirant. Le fait de cumuler les Oscars du meilleur film, de la meilleure actrice et de la meilleure réalisation confirmait mon attrait pour cette histoire originale. Il s’agit du premier film mis en scène par Chloé Zhao que j’ai l’occasion de voir. Les louanges qui accompagnent pour l’instant son parcours professionnel me rendait optimiste à l’amorce de la séance.
La présence de Frances McDormand est la dernière touche qui m’a convaincu d’aller voir le film. Je suis encore sous le charme de son interprétation de Mildred Hayes dans *3 Billboards, les panneaux de la vengeance*. En incarnant cette mère de famille endeuillée et en colère, elle prouvait une nouvelle fois qu’elle pouvait habiter un film avec maestria. Le synopsis de *Nomadland* semble lui offrir un très joli terrain d’expression.
Le film nous plonge dans un univers qui m’était inconnu : celui des nomades. On découvre des personnes qui vivent dans leur van ou leur caravane. Ils transitent d’un lieu à l’autre au gré des saisons ou des opportunités professionnelles. On se plonge dans une communauté attachante dont on découvre le quotidien.
L’immersion dans cette population de l’ombre reste l’intérêt principal de l’histoire. Néanmoins, ce voyage est vécu dans les pas de Fern. Cette femme marquée par la vie possède un charisme fort mêlé à une fragilité touchante. Je me suis immédiatement pris d’affection pour elle et me suis ainsi logiquement passionné pour son destin et sa vie. La performance de son interprète légitime complètement la pluie de récompenses qui a suivi la sortie du film.
Logiquement les personnages secondaires sont importants dans l’impact qu’a l’histoire sur le spectateur. Linda est la première à nous marquer. Elle incarne la meilleure amie de Fern. Je suis immédiatement tombé sous le charme de cette femme attachante à souhait. Dave trouve également une place particulière dans l’univers de l’héroïne. Il est rapidement évident que ce dernier est sous le charme de Fern. Enfin, Swankie est un personnage intéressant et original qui offre une nouvelle corde à la mélodie qui accompagne les pérégrinations de la principale protagoniste.
La thématique pouvait faire craindre une dimension contemplative qui peut parfois se transformer en ennui quand elle est mal dosée. Chloé Zhao ne tombe dans aucun piège du genre. Elle gère le rythme de la narration avec maestria. Les événements vécus par Fern s’insèrent parfaitement avec la contemplation de ses étendues vierges américaines. Chaque moment est habilement construit pour qu’il occupe pleinement notre esprit. Chaque scène s’accorde parfaitement avec celle qui la précède et celle qui la suit. Cela offre un ensemble harmonieux qui ne nous brusque jamais. Il nous offre au contraire un voyage agréable et captivant.
Le dépaysement est immédiat et ne cesse de nous emporter du début à la fin du film. Ce voyage ne m’a fait découvrir des endroits merveilleux ou au contraire des lieux horribles. Ce voyage m’a emmené ailleurs. J’ai eu le sentiment de quitter mon quotidien et de me retrouver dans un autre monde. J’ai pris énormément de plaisir à m’y trouver. Je n’ai jamais cherché à le comparer avec celui qui m’est familier. Je n’ai pas cherché à l’idéaliser. Je me suis contenté de le savourer. En ce sens, le travail de réalisation et de mise en valeur des lieux et des personnes est remarquable.
Pour conclure, vous l’aurez compris, je vous conseille vivement d’aller découvrir ce film. Il s’agit d’une belle réussite. Malgré toutes les bonnes raisons qui m’avaient amené à le voir en salle, j’étais néanmoins habité de quelques appréhensions. La thématique et les risques liés aux discours qui pouvaient l’accompagner ne m’attiraient pas plus que de raison. Aucune de ces craintes ne s’est confirmée bien au contraire. J’ai trouvé le voyage agréable, touchant et passionnant et que je ne peux que vous inciter à le vivre également…