Please stop

Cela fait maintenant 10 ans que Jaume Collet-Serra joue au funambule sur le fil du film de genre divertissant, entre éclairs de brillance et quasi-ridicule : son goût pour les chausse-trappes scénaristiques et le trompe-l'oeil grand-guignol maintenait le bon équilibre avec La Maison De Cire ou Esther, mais frôlait la chute libre dans le précédent Sans Identité, qui en basculant dans la logique dangereuse du rebondissement constant ne retombait que miraculeusement à peu près sur ses pattes. Malheureusement, il a beau faire appel pour Non-Stop à nouveau au voltigeur le plus hype d'Hollywood (Liam Neeson), son thriller à 20000 pieds s'écrase lourdement, après un début excitant qui voit un air marshal menacé via textos d'un assassinat toutes les 20 minutes sur son vol s'il ne verse pas une somme conséquente. Toujours la même recette, faite de jeux de masques déroutants, de soupçons de schizophrénie et de twists incessants : au moins Collet-Serra entretient-il un éthos constant et d'une ambitieuse cohérence d'édificateur de labyrinthes mentaux. Sauf qu'ici, clouée au sol par le huis-clos de son décor, son esthétique en faux-semblants baroques ne peut décoller, et le film n'a dès lors plus grand-chose à faire valoir : juste un Cluedo aérien poussif et peu rythmé, où les incohérences et les lourdeurs s'offrent sans défense, puis une banale affaire de terrorisme, tout cela jamais propulsé par le sens de la pirouette visuelle qui souvent offrait au réalisateur un parachute inespéré. En retard sur le plan de vol de la parano aérienne au cinéma, manquant largement de carburant pour le long-courrier, le sympathique charter de Collet-Serra s'est cette fois-ci clairement fait rattraper par la pesanteur de son dispositif dépassé de série B ras-des-pâquerettes.