Le cinéma de Toledano-Nakache, c'est du petit lait. Ça passe tout seul. On rit, on est ému. C'est ce que j'aime dans la vie et dans le cinéma. Ce cinéma transpire le vécu par tous ses pores. Pas étonnant, le duo de réalisateurs était autrefois moniteur de colo. C'est même là qu'ils se sont rencontrés.
Le film fourmille de petits détails rappelant de douloureux ou d'heureux souvenirs, c'est selon, à ceux qui ont pu participer à ces colonies de vacances. Moi, je n'aimais pas qu'on m'impose une destination avec des horaires de repas et de sommeil à respecter, des lieux de sortie, du sport, des activités annexes, la traditionnelle boum de fin de séjour. Ce n'est pas ma conception des vacances où je préférais lire, regarder la télévision, faire un foot avec les copains sur le vieux stade municipal, aller à la pêche avec mon grand-père. Mais ça fait partie de l'enfance. Comme quoi, tout n'était pas parfait non plus.
Ceux qui le sont, c'est Jean-Paul Rouve en directeur dépassé autant par les affaires courantes que par sa jolie collègue. Et Joséphine de Meaux qui, elle aussi, apporte son caractère lunaire.
Là où chez moi, les colonies de vacances, ça n'évoque pas grand-chose quoique j'aimerais bien savoir ce que certaines accompagnatrices ont dû devenir, Nos jours heureux, c'est plutôt un plaidoyer en leur faveur. C'est comme quand on arrive dans le Nord. On pleure en arrivant. On pleure en partant.
Quant au film, montage rapide, vannes, dialogues, tout est réglé avec une précision d'horloger suisse. Au lieu d'aller tout le temps dans les clichés du style "ah, le cinéma français" en levant les yeux au ciel, foncez. Foncez regarder Nos jours heureux.