Nos souvenirs (Traduction insipide de Sea of Trees) s'est fait huer l'an dernier à Cannes. Cela rend le film intéressant a priori, non ? Surtout signé Gus van Sant. Effectivement, cette immersion dans une forêt de suicidés au Japon et, par flashbacks incessants, au sein d'un couple banal et américain ressemble à un grand film raté. Par sa construction, d'abord, complètement bancale et ne se justifiant d'aucune manière. Par l'incroyable balourdise de son récit, ensuite, qui tente sans succès de nous montrer l'invisible et comment la société japonaise se nourrit de croyances mystiques lesquelles, en soi, devraient se révéler fascinantes et que le réalisateur ne parvient jamais à capter, englué qu'il est dans l'histoire somme toute anodine d'un homme qui ne sait aimer que lorsqu'il est trop tard. Maladroite et pesante, cette histoire dans la forêt des songes a quelque chose de pathétique dans son incapacité à nous émouvoir. D'ailleurs, Matthew McConaughey semble lui aussi dubitatif et son jeu est pour le moins hésitant et égaré. Perclus de défaut, Nos souvenirs, dans sa quête irréelle et poétique, a tout de même quelque chose de touchant. Et suscite l'envie de le défendre (un peu) contre les critiques qui l'ont conspué. Ne serait-ce que parce qu'il y a bien pire et bien plus cynique sur les écrans chaque semaine et que le film ne mérite pas d'être ainsi accablé.